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Philo

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Nico

Nico
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Chapitre V : La science et la technique

Distinction entre science antique et science moderne


17° siècle : on passe à la science moderne avec Galilée, qui sort de la science aristoténicienne, basée sur l'observation directe, l'expérience sensible.
Au IV° siècle, Ptolémée avait fondé une véritable science, l'astronomie, exacte et prédictive, permettant des calculs, et pourtant basée sur l'observation sensible et ne reflétant pas la réalité.











Le supralunaire est régulier, et peut être mathématisé, alors que le sublunaire est lieu de métamorphoses et d'irrégulier, aléatoire et imprévisible. Il y a en fait une différence de nature entre les deux, c'est à dire que les astres sont faits d'éther, matière parfaite qui en fait des objets parfaits, alors que les objets sublunaires sont fait de matière résistante.
Avec Galilée, on passe d'un univers clos à un univers infini, et à l'héliocentrisme, ce qui déstabilise les hommes. De plus, l'univers devient homogène, la matière est la même partout, il est de ce fait unifié, mais tout ceci se fait au détriment des qualités sensibles : tout devient quantité, et donc abstraction.

A la même époque, on sépare artiste et artisan, sur une distinction de même nature : L'artiste s'attarde plus sur les qualités sensibles, dans l'esthétique et l'observation sensible que l'on fait du monde.

2 exemples de méthode expérimentale :
Travaux sur le vide en 1643 par Torricelli, suite à un problème technique dans les pompes à eau de Florence, qui entre en conflit direct avec la théorie aristoténicienne, « la nature a horreur du vide ». Il doit donc formuler une hypothèse, laquelle est donc liée à l'imagination : les idées n'apparaissent pas clairement dans la situation étudiée. De plus, pour que l'hypothèse soit vérifiable, elle doit pouvoir donner lieu à des prévisions. Son hypothèse postule le rôle de la poussée de l'air. Test avec les tubes.
Pascal entend parler de ces expériences, et il les reproduit mais en décidant de faire varier la pression de l'air en montant en altitude. L'hypothèse est validée.

La science est liée à la technique, elle en a besoin, car plus elle avance, plus le besoin de précision est grand, et donc plus les outils doivent être perfectionnés. Ceux-ci peuvent être considérés comme de la théorie matérialisée, tournés vers la démonstration d'une hypothèse.
Une hypothèse est toujours émise dans un cadre théorique, et dans le cas d'une observation polémique (comme celle d'Uranus), soit l'hypothèse qui est censée y répondre est fausse, soit la théorie doit être changée.

La science ne peut pas répondre à la question pourquoi, elle ne cherche pas les raisons mais les causes.

2° exemple : Loi de la chute des corps : Intuition sensible, 2 corps différents chutent à des vitesses différentes, selon leur élément naturel. Mais dans la théorie newtonienne, les qualités des corps sont abandonnées au profit de leur quantité.

Le point de départ de tout raisonnement est l'hypothèse explicative émise : on va bien de l'idée vers les faits, car une science purement inductive ne permettrait pas de généralisation.

Textes de Bachelard : n°8p149 et 3p304
Pour lui, l'histoire des sciences est une suite de rectifications d'erreurs, et de révolutions scientifiques. Les obstacles épistémologiques sont constitués par les connaissances déjà accumulées.
L'homme est actif dans sa recherche de savoir : il interroge la Nature, et ne fait pas que l'observer passivement, au contraire de l'artiste qui oserve la nature et reproduit ses qualités sensibles sans chercher à la modifier.

Le raisonnement expérimental est un peu différent de celui des mathématiques, qui sont une science purement déductive, démonstrative, qui va de l'universel au particulier. Dans une science inductive, on part du cas particulier pour l'étendre à l'universel, ce qui est une faute logique : en aucun cas le particulier ne peut devenir universel.
On peut donc se demander si le raisonnement scientifique est toujours inductif. Mais le point de départ n'est pas le cas particulier, sinon l'hypothèse, qui est une idée, et donc qui est universelle, on a donc bien un chemin de l'idée vers le les faits, l'observation n'est plus vraiment la première.
Pour étayer cet exemple, Russel donne l'image de la dinde inductiviste : Tous les jours à 9 heures, le paysan vient nourrir la dinde. Cette hypothèse est vérifiée jusqu'au jour de Noël, où l'attente de la dinde est déçue. L'accumulation d'expérience provoque une forte attente, qui doit souvent être déçue. En science, au contraire, on ne fonde pas des attentes abstraites, et de ce fait, si elles sont déçues, on suppose qu'il y a une raison qui l'explique. De cette attitude, on peut considérer que la science présuppose des lois universelles nécessaire, qui sont la marque de la raison, bien qu'elle puissent être vues selon deux aspects :
Soit elles sont une simplification de la réalité
Soit elles sont une description réelle du monde

Démarche expérimentale :
Hypothèse
Observation finale conforme : Hypothèse confirmée
Observation finale différente : Hypothèse infirmée, à changer ou plus rarement, révolution scientifique se traduisant par un changement de théorie.

Cependant, dire qu'une hypothèse est vérifiée ne veut pas dire qu'elle est vraie, puisque sa véracité dépend entièrement du cadre théorique dans lequel elle s'inscrit : elle n'est pas vraie dans l'absolue. Elle est en rapport avec la réalité, mais ne la décrit pas parfaitement.

Texte d'Einstein : La science se rapporte à la création, à l'art par l'élaboration de théories. Celles-ci ont donc une histoire, elles se sont succédées, de plus en plus puissantes, les unes après les autres. Il utilise un exemple analogique, c'est à dire qu'il me en parallèle deux situations dans lesquelles les rapports entre les acteurs sont les mêmes (Scientifique/monde et homme/montre). Se former une image renvoie une fois encore à l'imagination, soit dans sa dimension purement créatrice, soit reproductrice de ce que l'on a déjà vu.
On est cependant condamnés à rester dans l'imaginaire, car contrairement à une montre, on ne peut pas examiner l'univers, car on ne lui est pas extérieur, sauf si l'on a une vie après la mort. On entre cependant alors dans la métaphysique, et donc on n'a pas de connaissances assurées.

Heideger dit : « La science ne se pense pas ». Par ces mots, il veut dire que lorsque'on fait de la science, on interroge pas ses présupposés, car les points de départ paraissent trop évidents. Cependant, hors de la science les scientifiques peuvent aussi faire de l'épistémologie.
Le déterminisme est la théorie postulant l'existence de principes qui régissent les phénomènes. C'est un principe totalement irrationnel, mais qui légitime cependant la science, tout se produirait donc selon des causes nécessaires et d'une certaine manière, le chercheur croit :
En effet, au cœur du rationnel siège l'irrationnel
Croire est différent de savoir ou ne savoir pas
Il est des vérités intuitives, indémontrables, et cependant considérées comme vraies : les principes.
Croire relève de l'opinion, et peut entraîner le fanatisme si l'on croit savoir, alors que si l'on sait croire, on accepte le dialogue pour affiner sa croyance.
Le savant croit à la simplification des théories, c'est à dire expliquer un nombre toujours plus grands de phénomènes avec une même théorie.
Il croit à une limite de la connaissance, la vérité objective étant la coïncidence parfaite entre la pensée et le monde, celle-ci étant donc impossible à atteindre

Les lois scientifiques sont elles seulement des simplifications pour le calcul, ou décrivent elles le réel même ? L'esprit et le réel sont en tout cas indissociables. Cependant, les constructions totales du réel par l'esprit ne sont que provisoires.
Une théorie doit être falsifiable, car si elle permet de prévisions, elle est testable et par là, même on peut l'invalider en cas d'une observation polémique.
C'est pour cela qu'on peut dire que la psychanalyse et le communisme ne sont pas des sciences au sens strict, car elles n'émettent pas de prévisions, elle ne font que produire des effets que l'on constate à postériori. Dans un ses, ceci est rassurant car ce si elles pouvaient émettre des prévisions, on pourrait alors prévoir les comportements humains, qui ne seraient plus que des choses comme dans toutes les lois physiques. Or, ceux-ci agissent au présent, selon les circonstances. De plus, cela signifie aussi que les choses n'arrivent pas nécessairement, et qu'il faut s'engager politiquement, être militant, pour faire évoluer le monde vers un point que l'on veut atteindre : il faut lutter pour vivre mieux, car l'avenir devient ce que l'on en fait.
La science part des faits, mais les idéalise, au-delà de l'intuition sensible, ramenant par exemple les corps aux masses. La science ne dit pas le réel même, celui-ce reste un mystère (sachant que le mystère est différent de l'énigme : on ne peut pas espérer le résoudre), mais par un système de lois qui le décrit en en décrivant les rapports entre les phénomènes, donnant donc du pouvoir sur les choses.

Conséquences :

Critique par Nietzsche du scientisme, mais aussi de l'idée de Dieu (txt 13 p , de la morale et de la science : il s'inscrit en contradiction de la tradition philosophique. Le scientisme est une religion de la science, une croyance selon laquelle la science est capable de tout : c'est en fait une opinion aveugle sur la science, une sorte d'attitude religieuse, qui au lieu de s'en remettre à la providence s'en remet à la science.
La science repose sur une exigence de cohérence, et pourtant son origine est irrationnelle, imaginaire.
La vérité scientifique est une vérité qui suppose la mise en forme du réel, et donc dans un sens, « le mensonge artistique est plus vrai que la vérité scientifique », car l'un se sait faux, alors que l'autre se croit vraie sans connaître le réel même.

Il existe deux voiles entre le réel et l'homme :
Le premier est l'appréhension nerveuse, le relai des sens qui transmettent une image du réel au corps
Le second est le langage, qui force à la généralisation
La vérité est cependant utile à la vie, car elle satisfait à l'exigence d'ordre de l'esprit : là où le réel est changement permanent, elle pose des formes constantes, elle donne au réel une image vivable, immuable, et elle permet la connaissance utile.

La pure science se fait de façon désintéressée, c'est un pur intérêt pour la pensée, négligeant le corps. C'est une différence avec l'animal, car poussée par un désir de curiosité simplement attiré par la connaissance. C'est en fait la satisfaction d'un besoin primal de sécurité, de connaître, par peur de l'inconnu. La science n'est donc en fait jamais désintéressée, elle est toujours poussée par le besoin, le désir. Le corps n'est pas unifié, il faut être son propre créateur, et le besoin de science est donc à l'origine pulsionnel.
La science est donc une façon de se rassurer, elle continue les mythes qui ont sécurisé le monde jusque là : il est rendu compréhensible, et donc il n'est plus effrayant. On peut donc dire que le rapport au monde est conditionné par la compréhension que l'on veut en avoir.
Le besoin de sécurité est aussi un besoin de pouvoir sur la réalité, une volonté de puissance, de devenir un surhomme dans le sens créateur du terme (sans pour autant que Nietzsche soit nazi), dans le sens de celui qui intensifie la vie : « Que serait le monde sans la musique ? » Ce qui est dans le sens de la vie est bon, le relativisme est donc non absolu : on peut rester objectif, même si on est guidé par sa sensibilité propre. Il faut donc avant tout aimer la vie, et ce qui la transcende. C'est pour cela que Nietzsche critique la religion : en posant un monde meilleur après la mort, la religion fait preuve de nihilisme, et déprécie le monde réel.

La recherche fondamentale est aussi intéressée dans le sens où elle va chercher des applications techniques, et puisqu'elle a besoin de fonds, qui donne les budgets ? Le secteur privé, qui recherche le profit, ou l'État, qui lui aussi sélectionne les projets en foncions des espérances de retombées utiles.
La recherche veut en fait libérer l'homme de ses contraintes naturelles.

La technique

Du grec tekne : savoir allié à un savoir-faire, acquis par la pratique et l'expérience, dont le sens se rapproche du latin ars : l'artisan est l'homme qui allie savoir-faire et production technique. Aujourd'hui, cependant, art et technique ont été séparés, car la technique recherche l'efficacité : comme l'homme a tout à apprendre, il lui faut développer des techniques de vie.

On peut distinguer deux techniques :
La technique traditionnelle, manuelle, qui est aujourd'hui dépréciée par rapport au travail intellectuel : la notion grecque du travail avilissant, bon pour l'esclave, reste encore actuelle : l'homme libre est l'homme qui pense. Les arts mécaniques sont ceux qui impliquent un rapport du corps à la matière, et les arts libéraux sont ceux qui impliquent une création de l'esprit. Cette dichotomie est renforcée par la chrétienté. Modèle du créateur : artiste et artisan au travail satisfaisant, qui allient corps et esprit, et débouchent sur une production tangible. Reconnaissance des arts mécaniques à la renaissance. Jusqu'aux temps modernes, les savants ne s'intéressaient pas à la technique, ce qui explique sa lente évolution.
La technique moderne, qui se traduit par l'avènement de la technique moderne, avec en premier événement marquant l'apparition de la machine à vapeur, qui donne un rapport d'emprise sur le monde, et permettant la technoscience, c'est à dire l'engendrement de technique par la science, ces techniques nouvelles permettant de faire évoluer la science, ce qui fait un mouvement d'entraînement. L'homme lui aussi est machinisé , soumis à la machine dans le travail à la chaîne.

La technique, comme le travail, sont des nécessités naturelles, car l'homme ne peut pas vivre sans travail, et comme tout travail nécessite la technique
Mythe du protagoras : Mythe de Prométhée selon Platon, pour expliquer la fondation des sociétés : Les dieux créent les espèces vivantes, et chargent Prométhée de distribuer les avantages pour la survie, organes et instincts, de façon égale, pour que ls espèces soient éternelles. Cependant, c'est Épiméthée, son frère, qui demande à s'en charger, mais il distribue tout trop vite, et quand vient le tour de l'homme, il ne lui reste rien : il est donc voué à disparaître. Pour le sauver, Prométhée vole à Héphaïstos les techniques utiles à la vie, et tente de dérober à Zeus la sagesse politique, mais il est arrêté : l'homme est donc doté d'une technique divine, car il peut créer, mais il est mis en danger par cette technique, car elle n'est pas accompagnée par la sagesse qui doit l'encadrer, et il y a donc le risque d'un déséquilibre du monde par un mauvais usage.

La science est liée à la technique, mais elles sont différentes : l'une cherche la connaissance, l'autre le pouvoir.

Quand le Prométhée déchaîné s'est il révélé ?
Récemment, mais le mouvement s'est lentement amorcé depuis Descartes : sa philosophie subjective met déjà l'homme au centre de l'univers.
Texte 19 p 199, 6° partie du discours sur la méthode. Physique : étude rationnelle de la nature, et des forces qui régissent les corps.
Science nouvelle différente de la pensée médiévale, laquelle est à tendance aristoténicienne. Descartes veut qu'elle profite à tous, bien qu'il ne puisse encore connaître les avantages qu'elle peut apporter. Ce savoir, le pouvoir de la raison sur le réel, a un aspect pratique : il changera le rapport des hommes au monde, et produit des connaissance utiles, c'est à dire des moyens en vue d'un but, c'est-à-dire rendant la vie plus facile, et donc plus heureuse.

La pensée aristoténicienne (scholatisme) est une pensée spéculative, qui ne cherche pas à étudier le rapport à la réalité, mais qui reste purement théorique, qui ne montre qu'elle même, voulant dire le réel sans avoir d'effet pratique, elle ne veut connaître que pour connaître. Au contraire, la nouvelle philosophie de Descartes ets pratique, elle est liée à l'action et a des effets concrets : en connaissant les forces de la nature, on peut modifier le monde, et les utiliser à notre profit. Bacon : « Il faut obéir à la nature pour lui commander », ce qui signifie qu'en connaissant la nécessité, on peut l'inverser et s'en libérer. Descartes : « Et ainsi nous rendre comme maîtres et possesseurs de la Nature »
- 1° avantage : artifice lié à l'artificiel, qui est issu de la technique humaine, sans limite. L'homme jouirait donc, comme Adam et Eve, de la nature, et seraient comme des dieux : le travail est pénible, c'est une punition divine, il faut donc s'en libérer.

Descartes : la machine nous libère du travail, mais lui n'en voit pas exactement les effets, car il extrait les possibilités de sa théorie.
Ceci est vrai dans le sens où la machine libère du temps, puisqu'elle possède sa propre énergie, et ne nécessite pas celle de l'homme, tout en augmentant la productivité.
A ceci, on peut objecter que l'homme est lui aussi machinisé, soumis à la machine, il a un travail aliéné où il est coupé de son produit, dont il ne peut donc pas être fier.

La machine vole-t-elle le travail ?
Non, la machine n'a aucune intention, son créateur ne peut être blâmé pour l'usage qu'on en fait. C'est le système capitaliste, qui, en cherchant le profit, qui se sépare des hommes au profit des machines. Post-fordisme : capitalisme économique : le produit va aux actionnaires, et non plus aux travailleurs.

2° avantage : Conservation de la santé, avec une médecine efficace et scientifique. La santé est le premier bien, elle est le fondement de tous les autres, car l'âme est liée au corps et à ses humeurs.

« Comme maître et possesseur » : Maître opposé à l'esclave, donc à la soumission, ce qui implique le pouvoir de disposer comme on veut de la nature. Cette attitude suppose aussi la désacralisation de la Nature, et de la considérer comme un ensemble de matière organisée. Cependant : « comme », ce qui implique que le seul véritable maître reste Dieu. De ce fait, l'Homme doit respecter la nature et maîtriser sa puissance technique.
Cependant, le monde actuel est soumis au Prométhée déchaîné, car il n'y a plus aucun contrôle sur la progression de la technique, qui se déroule sans limite, car l'homme se découvre en fait incapable d'arrêter cet entraînement qu'il a lui-même initié, même si la science elle-même nous dit les dangers de cette attitude. « On arrête pas le progrès » symptomatique de cette façon de penser. D'ailleurs, une grande inquiétude a pris le monde artistique, et la science fiction propose deux visions différentes de l'avenir dominé par la technique :
Apocalypse nucléaire, puis régression de l'humanité
Prise de pouvoir par les machines, syndrome du Frankenstein

Le catastrophisme n'est pas une attitude nouvelle, les hommes ont au contraire toujours vécu en annonçant la fin du monde, que ce soit dans la conception cyclique du temps chez les Grecs, ce qu'ils appelaient la « grande année » dans la fin des temps biblique... Cependant, une différence majeure apparaît : jusque là, la fin du monde dépassait l'homme, alors qu'aujourd'hui elle est représentée comme dans les mains de celui-ci : il devient responsable de son propre rapport à la mort. La vie semble vraiment intense dans la lutte pour la survie, et c'est pourquoi l'homme jouit de son pouvoir.
Il est actuellement deux grandes interprétations :
Celle d'Heideger, dans La naissance de la technique, où il qualifie notamment notre époque du « règne de la technique », en prenant l'essence de la technique non pas seulement comme un apprentissage en vue d'un but, mais comme un projet métaphysique, c'est à dire comme une véritable façon de se tourner vers le monde, comme l'était la théologie au moyen-âge, une façon de penser l'être et de le révéler. On voit en fait la réalité que comme un moyen à notre profit, et rendre cette exploitation efficace est le but premier de la science, en en comprenant les lois. Heideger propose de plus une histoire de la philosophie, qui ramène le réel aux concepts de la raison. Le projet métaphysique de la raison trouve sa vérité dans la technique moderne, et dans son arraisonnement : prise par la force des ressources, mises à disposition de l'homme par l'action de la raison, qui définit notre rapport au monde. Nous sommes donc à une époque de grands périls, mais là où le péril croît, ce qui permet de s'en sauver croît aussi. Heideger propose, pour notre survie, de changer notre rapport au monde. Il utilise ainsi l'exemple du fleuve : L'Homme, depuis toujours, a utilisé la puissance du fleuve comme moyen de locomotion, comme force pour faire tourner les moulins, pour se déplacer, mais aujourd'hui il a posé des barrages : le fleuve n'est plus poétique comme il a pu l'être, il n'est plus qu'un stock d'énergie entre les barrages. Analogie avec l'exemple de paysan/exploitant agricole (déjà développé auparavant)

Technique : Effort de prise de possession du réel

Objection à Heideger : Toute cette analyse n'est qu'un constat, nous ne sommes effectivement pas maîtres, mais dans ces conditions il est normal d'être entraîné par le projet de la technique. Il est légitime de se demander s'il est possible d'agir sur le processus, surtout que plus on tente d'agir sur lui, et plus on s'y enferme. La seule façon d'en sortir est de penser l'essence de la technique, en méditant par l'art et la poésie pour nous extraire du cercle en se forgeant une nouvelle pensée, plus proche de la pensée pré-socratique, et donc hors de la philosophie.
On peut cependant critiquer cette nouvelle objection, car la méditation ne pousse pas à l'action, et il est nécessaire de s'engager : l'avenir prend toujours la forme qu'on lui donne, car il est fluctuant.

Marx, lui, est pour la technique, car celle-ci est libératrice. Pour lui, on ne maîtrise pas l'histoire, et donc on est pas libres, parce qu'on ne maîtrise pas la production et l'économie. Le mode de production capitaliste et spéculatif ayant un pouvoir supérieur à celui de l'Etat, l'économie et les marchés font leur propres règles, hors de tout contrôle. Il triomphe d'ailleurs, puisqu'il est aujourd'hui clair que la structure prime, et ce sans contrôle, sur les individus. De plus, le capitalisme s'est profondément inscrit dans la société, et il s'est allié à la technique, qui lui permet d'augmenter les rendements et la productivité, et qui pousse à une évolution et à une remise en question permanente. Le marxisme, au contraire, prône le contrôle des grands capitaux pour contrôler les grands outils économiques, et décider des politiques à mener (on voit toujours le lien étroit, propre au marxisme, entre la pensée et l'action).

Des civilisations se sont déjà écroulées pour être allé jusqu'au bout de leurs ressources, et c'est une course dans laquelle nous nous engageons.

Jonas est un philosophe directement héritier d'Heideger, dont il a été l'élève, et qui lui aussi réfléchit sur le monde dominé par la technique. Il décrit le règne de la technique comme le nouveau type de l'agir humain. Cependant, il rappelle aussi que l'éthique anthropocentrique est dangereuse, et dépassée, et qu'il faut à tout prix repenser ce rapport utilitariste que l'on a à la nature.
Son raisonnement est le suivant : L'Homme a du pouvoir sur la nature, ce qui fait de la nature un bien entre les mains de l'homme, et de ce fait l'Homme doit en prendre soin, car elle est fragile. La Nature aurait « comme une prétention à la morale » : il faut donc la respecter et la protéger, en fait la traiter comme une fin en soi, ce qui exclue tout rapport utilitariste. Et ceci à la fois pour :
Notre bien, ce qui est logique, et donc en fait utilitariste, car ce respect ne serait en fait qu'un moyen de sauvegarder l'humanité, et on retombe dans un pur calcul intéressé.
Pour son bien à elle, ce qui présente un problème plus épineux, et relève en fin de compte d'une moral plus kantienne, se basant uniquement sur l'affect : le monde est plus beau avec baleines que sans. Ce raisonnement n'est pas fondé en raison, mais il est reconnu que la vie appelle toujours la vie, et que puisque nous sommes issus de la vie, il est normal que nous la respections, bien que rien de ceci ne soit logiquement fondé. La vie est simplement plus belle que l'absence de vie.

Sollicitude : prendre soin de ce qui est fragile
La religion voit l'homme comme un jardinier, contrairement à la science qui le voit comme seul maître à bord. La nature dépouillée de toute dignité n'est concevable que hors de la religion, et même dans ce cas, c'est très contestable.

Sacré : Qui a une valeur en soi, et qu'il ne faut absolument pas toucher.

Repenser la nature et l'éthique n'est cependant pas suffisant, car la morale « manque d'efficacité », elle n'est pas contraignante, elle doit prendre corps dans la loi qui elle a une véritable force. Le respect de la vie des autres hommes est moral, mais c'est aussi contraint par la loi, et il faudrait qu'il en soi de même pour la nature. Cependant, les dérives de l'écologie peuvent faire émerger des pouvoirs très autoritaires, il faut donc faire attention.

On peut distinguer technique traditionnelle et technique moderne car la technique traditionnelle est un moyen, et la technique moderne une fin en soi. L'homme a aussi une vocation à la technique, et sa progression se fait donc par la progression de la technique. On a donc un mouvement perpétuel, entretenu par le déjà créé qui pousse à avancer.
Le nouvel agir de l'homme demande un nouvel impératif catégorique, qui ressemble à ceux de la morale de Kant : « Agit toujours de telle façon qu'une humanité soit possible dans l'avenir » (Jonas), ce qui implique donc non seulement de préserver la vie humaine, mais de la conserver en conformité avec l'idée que l'on a de l'Homme : sociable, capable de développer des liens, ou d'empathie. Texte 22 page 201.
Jonas s'interroge aussi sur le catastrophisme actuel évoqué plus haut : pourquoi développer cette culture de la peur ? En fait, rendre présente la catastrophe motive les hommes à agir, car au fond, on ne se soucie que du présent, et c'est la menace présente qui pousse à l'action. La politique est l'art de la préparation, et donc elle doit dans une certaine mesure développer la crainte de l'avenir. Mais la peur est mauvaise, et il faut aussi savoir s'en libérer : il ne faut pas uniquement craindre l'avenir, car cela nous couperait du présent.
Interpréter le monde ne suffit pas, il faut agir dans le monde.






Chapitre 6 : Le vivant et l'Histoire

Le vivant est avant tout l'intermédiaire entre la matière et l'esprit, c'est comme ça que le voient par exemple Platon et Descartes, qui lui suit la règle de l'évidence : la matière pense t-elle ? Ce n'est pas clair, donc la matière ne pense pas. Elle est étendue, par opposition à l'idée, qui, elle, n'occupe pas d'espace. La matière serait donc inerte, et de ce fait son principe dynamique lui est externe, ce qui est différent du matérialisme, qui voit au contraire la matière organisée en elle-même, et donc dynamique.
Le vivant a toujours passionné l’homme, mais il n’est devenu un réel objet de science qu’au 19° siècle, avec les théories de l’évolution, théories cellulaires, la génétique… La biologie n’est devenue une science que tardivement, car elle a du surmonter un certain nombre d’obstacles épistémologiques, car elle posait la question de l’essence même de la vie, et il a fallu penser le fonctionnement du vivant. Dans le fond, on ne le connaît pas encore, car il nous est impossible de le créer. De plus, il est impossible d’observer « la vie » directement, ou d’en faire l’expérience.

TROU

Les limites du savoir se placent aux limites du concevable, et au-delà, on bascule dans la métaphysique.

« La société, qui est la mise en commun des énergies individuelles, bénéficie des efforts de tous et rend à tous leur effort plus facile » (Bergson)

L’esprit est étudié scientifiquement par la neurologie : la pensée s’explique par le cerveau, la matière et la physico-chimie. Ce qui est vécu par la conscience est ramené à des impulsions électriques et des flux hormonaux. On observe effectivement une corrélation entre l’activité cérébrale et l’état émotionnel, mais le présupposé reste quand même « Il n’y a pas de pensée sans cerveau », lequel est donc conçu comme un ordinateur, un centre de traitement des données, et l’esprit un programme qui traite les informations.

L’Homme neuronal (de Changeux) : On réduit l’homme à du physico-chimique, car cela permet de procurer des effets très positifs dans la médecine. Pour lui, seul le progrès permettra d’expliquer matériellement le mental, comme pour la biologie, qui a abandonné la théorie vitaliste après la première guerre mondiale après la découverte de l’ADN.

Pour Leipnitz cependant, « On ne pourra jamais avoir une idée claire qui lie le mental et le cérébral »
Même si l’on ne peut pas réduire l’un à l’autre, il n’est pas nécessaire de postuler l’existence de l’esprit : matérialsime comme spiritualisme peuvent essayer de les lier : la pensée peut être ramenée à des opérations du corps, et non de l’esprit

Il faut faire attention à distinguer la pensée matérialiste et la société matérialiste, c'est-à-dire notre société actuelle.

Hobbes fait une objection à la seconde méditation métaphysique de Descartes : Il suppose qu’il est une chose qui pense, un esprit substantiel, alors qu’il n’existe pas de pensée sans corps pensant.
Le matérialisme ne nie pas l’existence de l’esprit, mais le limite à une activité pensante du corps, mais seulement son existence substantielle hors du corps. Le matérialisme marxiste postule que nos idées sont déterminées par la réalité sociale, lesquelles peuvent influencer sur cette dernière.

Les sciences humaines sont : l’histoire, la sociologie, l’économie, l’ethnologie, l’anthropologie et la psychologie. Dans celles-ci, l’Homme devient un objet de science en tant qu’il est inscrit dans un ordre culturel qui le détermine. Ces sciences ne sont cependant pas vraiment prédictives, car l’Homme modifie ses comportements en fonction de ce qu’il sait. Cependant, on a un obstacle épistémologique, car l’homme est alors déchu de son libre-arbitre. Il est réinclus dans l’ordre des choses, dans la causalité naturelle. Dans un sens, elles détruisent l’Homme, puisqu’elles cherchent à l’expliquer, selon différents points de vue, en éclatant l’Homme radicalement libre de Descartes.
Cependant, ces sciences posent aussi la question de l’objectivité : on perd la distance entre les scientifiques et l’objet de science.

Science expérimentale :
Méthode fiable, objet précisément défini
Connaissances produites incontestables, dans le cadre e sa théorie, car elles sont prouvées
L’objet est la nature, qui nous est extérieure
L’expérience est responsable est répétable à volonté
Les phénomènes sont expliqués, c'est-à-dire ramenés à leurs causes dans leur dimension de réalité
Un accord se fait par la communauté scientifique sur une théorie qui fait référence
Sciences interprétatives :
Méthodes fiable, et objet défini
Connaissances produites discutables. Il n’y a pas d’unité dans l’interprétation, même si les évènements sont les mêmes
Les expériences sont difficiles, car posant des problèmes d’éthique
Il y a des causes multiples, que l’on tente d’expliquer mais aussi de comprendre, ce qui implique une interprétation
Il y a des conflits d’écoles permanents, et aucun accord possible, car il y a un travail d’interprétation à partir de faits communs

On peut aussi se demander à quel point ce sont des science. L’idéal de la scientificité est dans les sciences naturelles, mais on peut souhaiter le transmettre aux sciences humaines. Auguste Conte espère la fondation d’une physique sociale, qui permettra de refonder logiquement la société.

Texte 22 p 366
Durkeïn pense que la sociologie doit permettre des prévisions, et pour ce, elle doit étudier des faits sociaux qui dépassent l’individu. C’est une conception marxiste, car la société prime sur l’individu. L’école est, d’après une étude sociologique de Boudien, un lieu de reproduction sociale. Il faut traiter les faits sociaux comme des choses, sans tenir compte des opinions sur les faits que l’on étudie, au contraire il faut objectiver les les faits, par exemple par des études statistiques. Par exemple, il étudie le suicide, qui paraît être un fait hautement individuel et subjectif, mais en voulant le ramener à un fait social. Le taux de suicide est proportionnel à la capacité d’intégration de la société : une force suicidogène est plus forte quand l’individu se trouve face à ses responsabilités, isolé et soumis à ses angoisses. Il a pu mettre en place une forme de prédiction statistique sur les populations : il a expliqué, mais dès que l’on interprète des faits touchant aux hommes, on cherche aussi à les comprendre.

Texte 21 p 365 :
Donner un sens, interprétation herméneutique, qui viennent de l’exégèse biblique :
Vue historique de la bible
Vue de la bible comme la parole divine, demandant d’avoir la foi. La parole est cachée, elle demande donc une interprétation

L’Histoire doit rechercher des intentions, interpréter les faits positifs.

Freud, dans la psychanalyse, part de faits hétérogènes (actes manqués, maladies mentales, rêves…) en les assemblant comme des symptômes de l’inconscient.

L’historien part des documents relatant des faits passés à partir de traces, et en extrapole des interprétations et des significations.
Les science interprétatives objectivent des faits construits, trouvent des hypothèses de travail, recherchent des documents qui permettent de les affiner ou de les faire évoluer. On veut tendre vers la vérité, mais on ne sait jamais si on ne sait jamais si on l’atteint.

Il y a deux sens au mot histoire :

Vérité historique, évolution au cours du temps, car puisque l’homme est un être sans nature, il se détermine au cours du temps.
Savoir que l’on peut tirer de notre passé, et qui est nécessaire à enraciner notre futur. C’est une vision de l’histoire comme un récit, soit mythique, cherchant à expliquer des phénomènes, différent du discours historien, car le mythe n’est ni daté, ni vérifiable. Le mythe est différent de la légende, car la légende s’appuie sur un fait réel, mais on lui greffe du merveilleux. Un roman historique, lui, ajoute à la vérité historique une fiction humaine qui nous touche plus que la froide vérité historique.

L’histoire cherche à restituer la vérité, mais on ne peut jamais restituer l’intégralité du passé : car certains éléments sont admis, mais d’autres font débat. C’est pourquoi le négationnisme est possible, en jouant sur la différence d’interprétation que l’on peut faire du passé, lequel n’est jamais vérifiable.
Cependant, on ne peut pas non plus tolérer le relativisme absolu, car on ne sait jamais vraiment où est la vérité, parmi tous les témoignages. Par exemple, Florisson nie la Shoah, et on peut dire que son interprétation est fausse, car Florisson ne tient pas compte des témoignages des survivants, lesquels sont pourtant :
Nombreux
De sources différentes et sans rapport
Concordants, et donc issus d’une vision objective des évènements

Quand c’est le parti-pris qui prend le dessus, on est plus un historien.

Il existe des sociétés sans histoires, celles-ci refusent les changements, et se tiennent le plus près possible des mythes qui racontent leur conception. Dans une société à la conception cyclique du temps, il n’y a pas d’histoire. Dans la religion, il y a une histoire, puisque le monde a un début et une fin. Kant et les Lumières voient l’Histoire comme un progrès de la raison. Marx, lui, renvoie l’histoire à l’activité des hommes qui la composent. Cependant, les sociétés sans histoire évoluent.
L’histoire est une science qui étudie le passé des hommes, à partir des traces qui en restent. Elle recherche des évènements, des faits notables ayant modifié la réalité. Le but de l’historien est de reconstruire le passé. Peut on être objectif dans un tel travail ? On ne peut en tout cas pas être neutre, car il faut à un moment trancher pour connaître, il faut donc prendre parti, mais il est difficile de rester objectif, car on se retourne sur les fondations de nos croyances, de nos propres valeurs, qui guident notre interprétation.

Le passé est irrévocable, c’est lui qui constitue la partie objective de l’histoire, et qui fait que pour interpréter un évènement, il faut attendre qu’il ait déroulé toutes ses conséquences. Par contre, l’interprétation d’un évènement passé peut varier en fonction du présent.




Chapitre 7 : la vérité, l'art, la religion

Le réel est différent du vrai : d'un côté, on a ce qui est, et de l'autre ce que l'on en dit pour le décrire. De plus, en dehors du pur constat, l'adéquation entre le réel et l'image que l'on en a est impossible à vérifier. Il faut distinguer le couple vérité/erreur du couple vérité/mensonge, puisque l'un est intentionnel quand l'autre relève de l'erreur (oui, merci ^^). Il y a différents points de vue sur le vérité : celui de Descartes et de Platon est optimiste, car dans leur pensée on peut atteindre la vérité, alors que Kant critique au contraire ce point de vue, pour lui le possible (le pensable) est différent du vrai, car l'existence ne peut pas s'expérimenter, on ne peut que l'éprouver. Il y a aussi un point de vue pessimiste sur la vérité, celui du scepticisme, qui au contraire postule qu'on ne peut pas dépasser les apparences, et que la vérité existe ou non n'a pas d'importance, car on ne peut de toute façon pas l'atteindre, même si on peut quand même atteindre des vérités, partielles. Celles-ci sont données par la science, les démonstrations, et même la philosophie, qui permet non pas le savoir assuré, mais la recherche de la vérité dans le dialogue, ce qui rejoint l'attitude de Socrate.
Toutes ces vérités sont rationnelles, les vérités irrationnelles se trouvent dans l'art et la religion par exemple.

L'art est différent de la technique, car l'art relève de la culture alors que la technique ne nécessite pas ce cadre.
Bergson postule de l'art qu'il est une forme de langage qui a un rapport différent à la réalité que le langage normal, qui la voile et la découpe. L'art transcende ce langage, et exprime ce qu'il ne peut pas dire, car ils révèlent des choses sensibles du réel, et l'homme, lui aussi, est un être sensible, ce qui explique d'ailleurs que son rapport au monde ne puisse pas être que scientifique.
Une œuvre d'art s'inscrit dans une culture, et elle en révèle l'essence : les peintures de Lascaux sont différentes des peinture du Moyen-âge, de l'art grec, ou encore des peintures de la renaissance, où l'on voit que le sujet, l'Homme, reprend de l'importance.
Aujourd'hui, l'art est très diversifié, car notre culture est radicalement pluraliste, et tout est donc possible : on ne cherche plus le beau, mais à transmettre un message : monde post-moderne. Cependant, même si tout est possible, il faut garder une possibilité de juger les œuvres les unes par rapport aux autres. Ce critère va être le ressenti, la richesse de l'œuvre et de la pensée qu'elle implique. Toute culture produit des choses qui survivent aux hommes qui les engendrent, et les oeuvre d'art tout particulièrement, car elle dégagent des sensation intemporelles, qui touchent tous les hommes, même s'ils ne sont pas issus de la culture qui les a produites, comme les peintures de Lascaux par exemple : leurs auteurs ont disparu depuis très longtemps, et pourtant elles continuent de fasciner les hommes.
De plus, l'art s'est mondialisé, et circule à présent hors de sa culture d'origine, ce qui prouve qu'une œuvre peut être appréciée pour elle-même, et qu'elle est porteuse d'une valeur en elle-même, et pas seulement dans le cadre d'une culture.

Les nouveaux courants artistiques se posent toujours en opposition à ceux qui les précèdent : l'art est donc en révolution perpétuelle, ce qui amène à sa poser la question : qu'est-ce que l'art ? En 1917, c'est Duchamps qui pose la question, avec son oeuvre La fontaine, une pissotière retournée, produite par l'industrie. Par cette action, il désacralise l'art et l'artiste en montrant que tout peut être une oeuvre d'art. « Le beau doit être bizarre »
Ars en latin est l'équivalent de tekné en grec, et ces deux termes se rapportent à toute production humaine et artificielle. C'est un savoir qui s'apprend, mais qui est une pratique qui nécessite un savoir-faire et de l'expérience, car il faut acquérir le « coup de main ». Cependant, maintenant on distingue production artisanale d'œuvre. En effet, une oeuvre comme une production est un ensemble de matière organisée par une idée. De Vinci, lui, revendique la liberté créatrice de l'artiste, qui est d'abord un esprit, qui a une idée créatrice : « la main est au service de l'esprit ».
Les artistes sont différents des artisans, par la nature des objets prévus : l'artisan produit des objets utiles, alors que les objets produits par l'artiste n'ont pas d'utilité. Leur fin n'est pas en dehors de lui, mais en lui : c'est un luxe, mais il est vital pour l'homme.
L'art étant inutile, on cherche la beauté plus que l'utile. La technique est utilitaire, elle cherche un but et une domination du monde, alors qu'au contraire l'art ne cherche qu'à changer la vision que l'on a du monde.
L'art peut être décoratif, quand il cherche la création d'une beauté harmonieuse pour satisfaire les sens.
L'art peut être figuratif et expressif, quand il cherche à fixer un instant pour s'en délecter, saisir une chose changeante. Quand il est expressif, il cherche à transmettre les sentiments de l'artiste, qui bricole la réalité pour exprimer un sujet émotif à propos de la réalité (citation approximative de Van Gogh)

Faire de l'art, c'est traduire dans la matière quelque chose de soi pour les autres, car l'art modifie les perceptions. Par exemple, l'impressionnisme a d'abord choqué, mais aujourd'hui, nos perceptions ont été marquées par par l'art, et en plus notre société nous a habitué au pluralisme, ce qui fait que l'on n'est plus choqué.
On peut donc dire que la nature imite l'art, et non le contraire, car c'est l'art qui conforme nos sensations, qui mettent le monde autour de nous en forme. On peut essayer de joindre le beau et l'utile, par exemple dans les cathédrales on allie architecture et foi pour créer un sentiment d'élévation. Le design aussi cherche l'harmonie des formes, mais l'objet perd sa beauté dans son usage, car il disparaît quand on l'utilise : dans son utilisation, il retourne à son essence, et perd son esthétique. On utilise un objet, ou on admire sa beauté. D'ailleurs, notre rapport à la nature est identique : soit on l'admire, soit on l'exploite.
« L'artisan produit selon des règles », c'est à dire dans le cadre d'une culture : on doit tout apprendre, mais tout le monde peut devenir maçon (d'ailleurs, les métiers en rapport avec le « faire » sont toujours très satisfaisants) ; L'artiste, lui, peut apprendre les règles de l'art, l'utilisation des moyens à sa disposition, etc... Cependant, on ne dit pas qu'un homme qui maîtrise à fond son art est un artiste, on dit qu'il est un virtuose. En effet, un véritable artiste crée lui-même ses propres règles , il est créatif, ce qui fait la différence entre les artistes et les artisans : la recherche de l'innovation est partie intégrante de l'art, c'est ce que revendique De Vinci. Cela demande une forme de génie artistique, qui, lui, ne s'apprend pas.
Dans une pensée religieuse, l'artiste est inspiré, par l'extérieur (muses etc)
Chez Kant, la nature transmet ses règles à l'art, ce qui fait partie du mystère de la création.
L'artiste est génial, il est hors du monde, différent des autres hommes. Chez Nietzsche, le surhomme, l'homme créatif, est entièrement dédié à sa passion dans laquelle il transmet toute son énergie. Picasso : « Je ne cherche pas, je trouve »

Le beau et le jugement de goût

Platon : dans le monde sensible, on fait tous l'expérience de la beauté, et confronté à celle-ci, on s'arrête pour la contempler. La beauté éveille le désir, et elle est une élévation (la naissance d'Eros suit celle d'Aphrodite). Cependant, Platon critique les artistes, il veut même les bannir de la cité, car ils maintiennent les gens dans les apparences. La philosophie, par exemple, se constitue contre la poésie.

L'art médiéval, lui, ne cherche pas à imiter la nature, mais à faire apparaître le divin : ce n'est pas un art mimétique.
Pour Kant, le beau en soi suppose l'existence de Dieu, mais la beauté est cependant subjective : ses critères dépendent de l'époque, du cadre culturel, et des individus. Une chose n'est en elle-même ni belle ni laide, c'est seulement le jugement qu'on porte sur elle qui la détermine : « L'art n'est pas la représentation d'une belle chose, c'est la belle représentation d'une chose », comme dans La charogne, de Baudelaire. Le plaisir esthétique, particulier car désintéressé, est de ce fait universalisable, est différent de l'agréable simple. Le beau donne le lieu à un jugement de goût, qui est subjectif mais qui prétend à être universalisable, car en effet on essaye de justifier pourquoi on aime une oeuvre d'art, en interprétant le lien entre la forme et le fond. Le jugement sur l'agréable est un simple constat : « ça me plait », alors qu'un jugement de goût est plus dans l'absolu : « c'est beau ». Kant : « Est beau ce qui plaît universellement sans concept » La variabilité d'interprétation d'une bonne oeuvre est presque infinie. On ne dispute pas du goût, mais on en discute, en cherchant à convaincre les autres de la pertinence de ses goûts. Les œuvres d'art donnent à penser et sont belles : elles satisfont à la fois la pensée et les sens.
Le jugement de goût a un contenu politique : comme on a pas de vrai absolu pour déterminer ce qui est beau, il y a débat. L'art suppose d'ailleurs une liberté politique : une oeuvre peut avoir un contenu politique, mais celui-ci ne doit pas être imposé.

Qu'est ce que l'art ?

Jusqu'à l'art contemporain, l'art est en rapport direct avec la beauté, laquelle est même souvent codifiée, réglée (art académique, ac proportion harmonieuses imposées). Avec l'art contemporain, la beauté n'est plus un critère, on se demande juste : « Est-ce de l'art ? » Danto étudie Warhol, qui prend un objet banal, le reproduit, exactement à l'identique, mais déclare que la copie est de l'art, ce qui la transfigure. Une oeuvre d'art est intentionnelle, elle a une portée significative, elle offre une interprétation, soit :
Constituante, qui élève un objet en oeuvre d'art qui appelle un discours, lequel est mis au jour par l'art contemporain.
Interprétation herméneutique : l'oeuvre amène des questions auxquelles on veut répondre.

L'art imite-t-il la nature ?

Il y a un effort pour reproduire la nature : « l'art n'est jamais plus parfait que lorsqu'on peut le prendre pour la nature même » De Vinci. Cependant, la peinture est toujours absurde, puisqu'on cherche à rendre sur un fond plat un objet en 3D. « L'artiste qui cherche à imiter le réel est comme un ver qui cherche à imiter un éléphant ». La photo, la peinture ou le cinéma cherchent en fait à faire voir un aspect de la réalité, une vision particulière.
Imaginer, c'est prendre certains éléments, et les recomposer pour les réintepréter, et faire valoir un point de vue particulier. Van Gogh : « J'arrive à faire de tels remaniements de la réalité qu'il en sorte des mensonges plus vrais que la vérité littérale »

Conclusion : Si la science rassure, l'art doit inquiéter, provoquer la surprise, l'interrogation, l'inquiétude, puis finalement la sérénité.

Merlo-Ponti : Le savant est un manipulateur qui cherche à rendre le monde disponible, alors que l'artiste a une rapport d'habitation au monde.

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