Voila, chose promise, chose due.
Donc, 1984. Tout d’abord, celui qui est le symbole à la fois du livre et du Parti, visage de l’Angsoc, ou parti socialiste anglais, Big Brother. Présent partout, Big Brother is watching you. Son visage, sur des affiches géantes, est posté à chaque coin de rue, et les télécrans, petits boitiers semblables à des radios encastrés dans les murs, à la fois émetteurs diffusant sans arrêt musique militaire et propagande du Parti, mais aussi récepteurs retransmettant en direct faits et dire de ceux qui sont dans leur champ de vision, assurent à chaque instant la surveillance permanente des individus.
Ensuite, les principaux ministères : le Ministère de l'Amour, miniamour en novlangue, siège de la police de la pensée, lieu de détention et de torture des opposants aux Parti. Le Ministère de l'Abondance, miniplein en novlangue, qui gère l'approvisionnement de la population en produits divers, et arrangeant les pénuries permanentes. Le ministère de la Vérité, miniver, centre de la mystification, de la falsification, de la modification de l'histoire, de la propagande et de la désinformation. Enfin, le ministère de la Paix, minipax, qui s'occupe de gérer la guerre permanente opposant l'Océania, l'état dans lequel se déroule l'histoire, à l'Estasia ou à l'Eurasia, selon la période.
Le cadre principal est posé une fois que vous voyez un monde gris, terne, sale. Le héros, enfin plutôt personnage principal, de cette histoire se nomme Winston, il est employé au ministère de la Vérité, et il participe, chaque jour, en temps réel, à la modification du passé. Des documents lui sont apportés, et il les modifie pour que les statistiques, chiffres, évènements prédits par Big Brother se trouvent vérifiés. Ainsi, le passé n’existe plus, ni dans les documents, ni dans les mémoires, car le Parti est parvenu à un niveau de totalitarisme tel qu’il a obtenu la maîtrise de la pensée des masses. L’Océania est en guerre contre l’Estasia, elle a donc toujours été en guerre contre l’Estasia, la ligne politique du parti n’a jamais été modifiée. La semaine suivante, l’Océania ente en guerre contre l’Eurasia, et l’Estasia devient un allié ? La situation a toujours été identique, et depuis toujours l’Océania est en guerre contre l’Eurasia. Winston et ses collègues, ou plutôt ses « camarades », s’assurent que ce soit une réalité dans les documents, et tous s’assurent que ce soit une réalité dans les mémoires. Sauf que Winston, lui, se rappelle. Il se rappelle que l’Océania était la semaine passée en guerre contre l’Estasia, il sait que la ration de chocolat hebdomadaire a non pas augmenté jusqu’à 20g, mais diminué de 30 à 20g, bien que les télécrans clament le contraire, et que l’entière population s’en réjouisse, il sait aussi que le passé n’est pas malléable a volonté, et que les évènements ayant ont lieu sont irrévocables.
Il s’achète un journal, écrit dedans ses impressions, tombe amoureux de Julia, et entre avec elle dans une sorte de résistance futile, comme une désobéissance qui serait l’initiation d’une révolution : ils s’aiment, ce qui est proscrit entre membres du Parti, font l’amour par plaisir et non pas pour procréer, ce qui est inimaginable, se procurent des aliments au marché noir... L’histoire se déroule ainsi, dans cet univers gris, sous l’œil d’acier des télécrans.
Pour contrôler la pensée, le Parti contrôle le langage : le novlangue, langue officielle, est la seule dont la richesse lexicale diminue année après année : en effet, s’il est impossible de poser des mots sur les pensées non orthodoxe, elles ne viennent pas à l’esprit… Le parti contrôle tout, Big Brother sait tout, et quand les gens sont vaporisés, personne ne se souvient d’eux, sauf Winston. Les enfants sont montés contre les parents, l’amitié et l’amour n’existent plus, il n’y a plus que la « camaraderie », tout le monde espionne tout le monde, la délation à la Police de la Pensée est monnaie courante, les bombes fusées frappent la ville de façon régulière, envoyées par les ennemis, par les rebelles, par le Parti lui-même, peut être, pour faire croire à leur existence… Car après tout, qui sait s’ils existent ? Qui sait si Emmanuel Goldstein, leader de la résistance, n’est pas qu’un pantin agité par le Parti comme exutoire de la haine ? La Fraternité ne serait elle pas qu’un mythe ? Le passé est il vraiment ce qu’il a été, ou est il ce que l’on veut qu’il soit , Car après tout, si l’absolue totalité de la population sait pertinemment que l’Océania a toujours été en guerre contre l’Estasia, ce ne peut être faux, et si un individu seul s’oppose à la pensée commune, il est sûrement fou… Et n’oubliez pas, Big Brother vous regarde .