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Chapitre 3, l'Homme est un être de désirs, avec supplément sur l'inconscient, et sur autrui

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Nico

Nico
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L'Homme est un être de désir

On postule dès le départ en l'Homme un être non rationnel, vivant dans un monde vivant qui cherche la satisfaction de ses désirs avant tout, le bonheur étant donc sa finalité suprême, rien n'étant au delà. Celui-ci est amené par une vie réussie, mais la notion même de bonheur fait débat, quand bien même celle de l'Homme en tant qu'être qui le cherche est globalement reconnue.
Le désir est différent du besoin : il n'est pas nécessaire à la survie, et il est difficilement assignable : l'Homme sait rarement ce qu'il cherche.

Pour avoir des désirs, il faut être conscient, mais l'Homme est il entièrement conscient ? La psychanalyse, au contraire, suppose l'existence d'un inconscient psychique, qui serait une partie de l'Homme étrangère à lui-même, car liée à son corps et ses pulsions, et non à son intellect.

Dans le manuel, lire :
Bonheur
Désir
Moral/éthique

A : La conscience

Texte de Pascal, lui-même mystique, théologien, mathématicien, écrivain, philosophe, cuisinier à ses heures perdues, auteur du Mémorial, et des Pensées. Il est à la fois savant et homme de foi, car il sait distinguer la réalité physique, qui peut être connue de façon assurée, et analysée rationnellement, et le monde métaphysique pour lequel seule la croyance est possible. Il définit la condition humaine, comme les phénoménologues, comme un être misérable, jeté au monde sans le comprendre, et où sa seule raison d'être est donc Dieu.
Dans le texte 2 p57, il fait une dichotomie entre deux lumières : celle, naturelle, de la science, et celle, surnaturelle, de Dieu. La recherche de la vérité, pour avoir un sens, présuppose donc l'existence de Dieu. Car si les connaissances scientifiques ne sont pas véritables, l'homme n'a aucune connaissances, mais si elles sont vraies, alors elles humilient l'homme car la Terre n'est plus au centre de l'Univers, et sa propre existence n'est pas le fait d'une volonté particulière d'un Dieu créateur. Avant de chercher à expliquer la Nature, il est d'ailleurs nécessaire de se considérer soi-même dans cette nature. Je suis le point de départ, et l'on se place soi-même au centre du monde, mais on souffre car parallèlement, on se sent enfermé en soi-même. Il devient dès lors nécessaire, pour le comprendre, d'imaginer l'univers au-delà de ce qu'il nous est observable, comme « un simple trait » dans l'infini, « une sphère infinie dont le centre est partout et la circonférence nulle part. « Qu'est-ce qu'un homme dans l'infini ? » Dans le temps comme dans l'espace, l'homme n'est rien, il est un « roseau », faible, en danger permanent et constamment en marche vers son propre trépas, mais il le sait, et c'est ce qui lui donne sa noblesse. Il est misérable car soumis à la mort, et doublement misérable car il se connait comme tel, mais c'est ce qui le rend. De plus, comme il est est conscient de la mort et de sa misère, il se divertit, et ne peut pas rester trop longtemps seul à méditer car cela apporte l'angoisse, mais cet oubli amené par le divertissement n'est pas permanent.

1- Introduction sur la conscience

Perdre conscience : Perte du rapport avec le monde extérieur, disparition des sens. Le rapport au monde est donc fait de sa perception, et de la conscience de cette perception. La conscience est aussi la conscience de soi même dans e monde, et donc une mise à distance entre soi et le monde.
Cum siencia : avec connaissance
Chez Desartes : « la pensée est tout ce dont on a immédiatement conscience. » On fait, et l'on a en même temps conscience de le faire, on le sait. C'est d'ailleurs là qu'on peut situer la différence entre vivre et exister : on a conscience de vivre, et non d'exister.
Prendre conscience : Une chose est déjà là, mais on ne la connaissait pas clairement, et je la découvre : l'insu devient su. Pour que je puisse prendre conscience de quelquechose par moi même, il m'est nécessaire d'en avoir une conscience immédiate, que l'on transforme en conscience réfléchie.
Il est inconscient : Il ne mesure pas les risques qu'il prend, il n'anticipe pas : rapport de la conscience au temps. Si je suis responsable, je me projette dans le futur et j'assume de ce fait les conséquence de mes actes. C'est d'ailleurs l'un des présupposés de la justice : chacun est capable de discerner le bien du mal, on parle dans ce cas de conscience morale. La liberté implique donc la responsabilité.

Par la conscience, l'homme se pose comme un sujet : il est en effet auteur de ce qu'il fait et pense.
La conscience psychologique est un savoir, 'est savoir ce que l'on fait et ce que l'on pense. Elle est différente de la conscience immédiate, elle lui est en fait supérieure, car pour prendre conscience de quelquechose il est nécessaire d'en avoir originellement une conscience immédiate, qui devient ensuite une conscience réfléchie. Un inconscient au sens fort ne peut donc pas entrer dans la conscience, et s'il existe en l'homme, alors celui-ce devient un inconnu pour lui-même. La conscience morale est, elle, la distinction que l'on fait entre bien et mal.

2- Qu'est-ce qu'être conscient ?

Bergson, dans L'énergie Spirituelle, un recueil d'articles, donc le premier est intitulé La conscience et la vie, tente de caractériser la conscience. Pour ce faire, il cherche les moments ou la conscience disparaît, les moments ou l'habitude rend nos actions automatiques et que l'on fait sans y penser, sans les contrôler, et donc où la conscience disparaît. Par exemple, la marche nous est automatique, chaque pas se fait involontairement. On peut bien sûr s'y concentrer et en prendre conscience, mais on perd lors son efficacité. La marche ne peut pas être considérée comme un instinct, car elle nécessite un apprentissage, elle n'est pas innée : elle est une technique du corps, qu'il faut acquérir quand bien même elle paraisse naturelle. De même pour l'écriture, la formation des lettres qui devient automatique. On est en fait conscient au moment de l'apprentissage, car on sélectionne alors le geste utile : la conscience est CHOIX. Elle mêle la mémoire et l'anticipation, un « pont entre le passé et l'avenir », une continuité qui se déploie. Avec la pratique, cette conscience disparaît, et on gagne donc en efficacité.
La conscience s'endort donc dans l'habitude, et elle ressort et se réveille face aux problèmes nécessitant la réflexion ou dans la nouveauté, quand l'habitude seule ne suffit pas. Le maximum de cet éveil est atteint face aux choix qui engagent notre avenir car bloquant d'autres possibilités : la vie devient le résultat de ces choix, j'en suis l'auteur, quand bien même les circonstances choisissent parfois pour nous, et dans ce cas on est plus entièrement libre, mais soumis à son environnement.
Ainsi, Bergson lie vie et conscience, dans un rapport intime de conditionnement réciproque. Bergson, biologiste, voit la vie comme une création continuée, qui se détermine peu à peu, comme l'est la conscience, et ce sont les choix que je fais à chaque instant qui permettent cette détermination. Dans ce cas, comment savoir ce que je veux ? Une action consciente qui me satisfait provoque de la joie, qui est une satisfaction totale de l'être traduisant la réalisation des désirs. La joie marque ce qui vient de moi. Spinoza aussi, d'ailleurs, définit l'homme comme désir, Conatus, c'est à désir un effort pour préserver l'être, et augmenter sa puissance d'exister, marquée par la joie, par opposition à la tristesse qui marque une diminution de la puissance d'exister. La conscience peut se prendre elle même pour objet. Dès qu'on a un sujet, on lui oppose un objet. Par exemple, si l'homme est un sujet, le monde peut être son objet. La conscience, sujet, peut se prendre elle même pour objet, et peut se retourner sur elle même. L'œil peut tout voir, sauf l'œil, mais la conscience peut se voir elle même.
C'est ce que l'on appelle la réflexivité de la conscience, que Descartes appelle le cogito. Il est le fondateur d'une philosophie de la subjectivité : le sujet est le point de départ. Au collège de la Flèche, il s'est rendu compte que tous les savoirs n'avaient pas le même degré de véracité, car en fait la seule matière via laquelle on a un rapport direct à la vérité sont les mathématiques, car ils procurent une vérité incontestable et absolue, alors que les autres savoirs ne sont que vraisemblables, donc ils sont probablement vrais, mais pourraient être faux. Descartes, lui, souhaite donner le même degré de véracité à tous les savoirs, et pour ce il pense mettre à bas l'intégralité de l'édifice du savoir pour le remettre en place et obtenir de ce fait un nouvel ensemble de savoirs plus ordonnés et véritables.
Pour cela, il est nécessaire, comme en géométrie Euclidienne, de partir d'axiomes indémontrables mais vérifiables, qui semblent décrire la réalité, et qui paraissent vrai au même titre que l'est la géométrie d'Euclide, qui décrit l'espace à 3 dimensions dans lequel nous vivons.

Dans les méditations métaphysiques, il applique la réflexion de la Tabula rasa : il veut douter de tout, mais pour agir, il ne faut justement pas douter, il lui faut don se fixer des règles, une morale provisoire pour orienter son action, et lui donner des principes forts :
Je vais agir selon les mœurs de mon pays
Je changerais mes désirs plutôt que l'ordre du monde (ce qui relève de la morale stoïcienne, qui consiste à distinguer ce qui vient de moi et ce qui vient de l'extérieur, sachant que l'on ne peut agir que ce qui vient de nous)

Après avoir remis tous les savoirs en doute, il veut trouver une vérité première, et dans ce but, il se dote d'un outil : le doute méthodique (lequel est différent du doute sceptique, qui lui consiste à poser la vérité absolue comme inaccessible). En fait, dès que le doute est possible, il considère le savoir comme simplement vraisemblable, et fait don comme s'il était faux. Ainsi, il escompte atteindre une vérité indubitable qui lui permettra de reconstruire l'édifice des savoirs.

Certitude : Sentiment subjectif de détenir la vérité.

L'analyse de toute les idées n'est pas possible, car il y en a trop. Descartes décide donc de s'attaquer, pour plus d'efficacité, aux deux sources du savoir, on parle donc de doute radical (=>racine)

Première source : Les sens. Ils forgent les idées par les perceptions, par l'apprentissage, et apportent de ce fait des idées empiriques, car liées à l'expérience que l'on a pu en faire. L'empirisme a été par exemple porté par Locke et Hume : « Rien n'est dans l'esprit qui n'ait d'abord été dans les sens. » Il y a des connaissances uniquement empiriques, la connaissance des couleurs par exemple. C'est inexplicable, car entièrement lié à l'expérience. Leipnitz s'est opposé à cette philosophie, pour lui rien n'est dans l'esprit si ce n'est l'esprit lui-même, qui permet de tirer des idées de l'expérience. Cependant, ceux-ci peuvent être abusés (illusions d'optique), donc Descartes les considère comme seulement vraisemblables, et donc, dans le cadre du doute méthodique, ils fait donc comme si toutes les informations qu'ils fournissent étaient fausses. Il fait donc comme si le mone n'existait pas, puisque celui-ci est entièrement lié à la perception sensible.
Deuxième source : La raison, qui produit des idées purement intellectuelles, sans aucun lien avec l'expérience personnelle. Cependant, certains font des erreurs en suivant un raisonnement tout à fait logique, la raison elle aussi peut donc être mise en doute. Descartes avance ici l'argument dit du « Malin génie », un dieu trompeur qui ferait croire à la certitudes des mathématiques sans qu'il n'en soit rien.

Les deux sources du savoir ne sont donc que vraisemblables, tout peut donc être faux.

Rationnalisme : Sens strict : Croire en la présence dans l'esprit de la raison, qui contient à priori des idées innées qui expliquent la compréhension que l'on a du monde. Présuppose la présence de germes de la vérité absolue dans l'esprit
Sens large : Confiance entière faite à la raison, penser qu'elle peut produire des idées exactes.

Pour Descartes, tout est donc douteux. De plus, il avance comme nouvel argument qu'il est difficile, voire impossible, de distinguer la veille du sommeil, et donc le rêve du réel : il est impossible pour lui d'être sûr d'être dans une réalité, et de ce fait de prouver quoi que ce soit. Berkeley : Rien n'est dans les sens qui n'ait été dans l'esprit, tout est en fait esprit, on parle dans ce cas de monisme, qui est un immatérialisme où Berkeley, religieux, suppose l'existence de Dieu qui coordine les âmes pour les faire coexister dans la même réalité. On ne eut pas être certain de ce que l'on voit, car ce ne sont pas forcément des images issues du réel.
Cependant, quand bien même on peut douter de tout, et croire que tout ce que l'on pense est faux, on ne peut douter de son propre doute, lequel est une pensée, d'où le cogito de Descartes : Je pense donc je suis : j'existe car je sais que j'ai des idées. La pensée « je n'existe pas » est impensable, car elle est contradictoire. On part donc du sujet , qui pense, d'où la subjectivité de la pensée de Descartes.
La pensée devient ainsi indubitable, et Descartes possède là sa première vérité. Il chrche ensuite, grâce à celle-ci, des idées vraies, et dont le critère de vérité est l'évidence.

Je sais que j'existe, mais que suis-je ? => une chose qui pense, une âme substancielle, indépendante et autonome, hors du corps, de l'espace et du temps. « Je » : sujet universel, le même pour toute créature pensante, ce qui le distingue du « moi » empirique qui caractérise les individus. Descartes pose là les bases d'un universalisme à travers la pluralité, auquel fera écho l'universalisme des Lumières

Descartes doit ensuite sortir de lui-même, ce qu'il ne peut pour le moment pas faire car « coupé » de ses sens. En inspectant son âme, seule partie qui soit fiable, il trouve l'idée de perfection, dont il ne peut être l'auteur, car lui-même imparfait, puisqu'il doute, et donc il existe hors de lui un être parfait qui lui a insufflé cette idée. Sachant que les causes doivent être aussi réelles que les effets, Descartes conclut que Dieu existe, la perfection dont il est nécessairement l'auteur existant. Si Dieu est parfait, il est vérace et bon : il ne cherche pas à tromper, mais garantit au contraire la véracité des savoirs logiques et de l'évidence, et il existe donc un monde réel hors de moi, que je peux connaître et où la science est possible. Le corps ne peut pas se connaître lui-même, alors que l'homme, lui, le peux.

Comme Descartes, des philosophes ont apporté des « preuves » de l'existence de Dieu :
Des preuves a posteriori, après l'expérience, pour lesquelles on part des effets pour revenir aux causes => de cause à effet, on remonte petit à petit vers une cause inconditionnée, première, laquelle ne prouve cependant pas l'existence de Dieu, car elle peut être un créateur hors du monde, ou bien le monde qui serait aussi lui-même son créateur, et qui se suffirait à elle-même.
Preuve par l'harmonie et la beauté du monde, avec l'exemple de la montre sur la plage : si je trouve une montre sur la plage, il semble plus rationnel de penser qu'elle est l'oeuvre d'un être pensant plutôt que celle du ressac sur le sable. De même, le monde apparaissant comme très cohérent, logique et harmonieux, il semble naturel de penser qu'il lui existe une cause intelligente, hors de lui. Cependant, le hasard et la nécessité peuvent expliquer le devenir du monde, donc ce n'est encore pas une preuve.
Des preuves a priori : L'idée de perfection
la preuve dite ontologique, mise en évidence par St Anselm au 11°siècle, centrale car présupposée dans toutes les autres preuves de l'existence de Dieu, qui consiste à déduire l'existence de l'essence : si Dieu est un être parfait, alors il existe nécessairement, car c'est dans son essence même.

Kant, lui, au contraire, montre qu'il n'y a pas de preuve de l'existence de Dieu, car l'existence n'est pas déductible de l'essence, elle résulté nécessairement d'une expérience. Il illustre ceci avec l'exemple des 100 taleurs : 100 taleurs en idée sont différents de 100 taleurs dans ma poche : ils ont la même essence, mais leur existence est différente. D'après Kant, toute connaissance présuppose un concept et un accès par les sens, même s'il n'est pas forcément direct. Dieu, au contraire, est un objet métaphysique, et de ce fait il n'est pas réellement connaissable. Kant montre en fait qu'il n'y a pas de connaissance en métaphysique, mais seulement des croyances, et notre raison possède donc des limites, elle ne peut pas chercher à tout comprendre, et si elle dépassa ses limites, celles de l'expérience sensible, elle ne peut que délirer, tourner à vide pour produire des savoirs invérifiables et sans fondement. Les limites de la raison sont donc avant la métaphysique.

Il existe 4 objets classiques de la métaphysique :
Dieu
L'âme
Le libre arbitre
Le père Noël

Par le libre arbitre, l'Homme est posé hors de la causalité naturelle, ce qui est opposé au déterminisme, qui au contraire voit l'homme comme un être naturel, nœud dans le réseau de la causalité naturelle. Cette notion de libre arbitre est chrétienne, car dans la vrai foi, Dieu doit être reconnu librement et non pas nécessairement. Pour Descartes, le libre-arbitre est l'image de Dieu sur l'Homme.
La liberté métaphysique, comme la pense Sartre, est une auto-détermination de l'homme petit à petit hors de la causalité naturelle, il est liberté radicale, qui peut se déterminer.
Kant, cependant, maintient le libre arbitre. Il prouve que l'existence de l'âme est impossible à prouver, bien que lui-même pense que l'âme existe. Le nerf de sa démonstration de la non existence de Dieu est le fait que l'existence ne peut pas se déduire de l'essence, elle ne peut que s'expérimenter.

Tout pourrait donc redevenir douteux, mais cependant non, car en phénoménologie, la conscience n'est pas tournée sur elle même, elle est au contraire une ouverture au monde, auquel l'homme appartient, un rapport avec l'extérieur.
Aristote, déjà, avait postulé que, même si on pouvait en douter, il était impossible de démontrer l'existence du monde. L'expérience peut en effet être trompeuse, mais il paraît tellement évident qu'elle ne l'est pas, et que ce qui lui est offert est avéré, qu'il semble dès lors inutile d'en douter.

De plus, en objection à Descartes, on peut aussi rappeler que le rêves est possible à distinguer de la veille , car celui-ci est souvent absurde, incohérent, alors que la réalité est continue et cohérente. De plus, il est possible de parler du monde avec les autres hommes, et de s'apercevoir qu'on en partage tous la même vue. L'existence du monde n'est donc plus douteuse.

Quelle expérience de moi puis-je faire ? Le « Je pense » est évident, il accompagne chacune de nos représentations, car dès que l'on voit quelquechose, on sait qu'on le voit, on en est distant : le « je pense » est un principe d'unité, « de synthèse, qui unifie le divers de la représentation ». Il unifie en effet les sensations pures que nous donnent les sens pour en faire un objet intelligible, et permet aussi la perception de l'espace. Le « je pense permet donc l'appréhension du monde, car il permet l'unification de la réalité, et d'appréhender la continuité du temps et des personnes.
Cependant, Freud, lui, postule que la conscience n'accompagne pas toutes mes actions.

La conscience est une ouverture au monde.
Texte numéro 4 page 44, de Sartre, La conscience est comme un grand vent, la conscience et le monde sont donnés d'un même coup, même si le monde nous a précédé nous survivra, car par essence, le monde extérieur est hors de la conscience, mais il lui est cependant relatif : le monde n'apparait en effet, et ne prend de sens que vu par la conscience, et la conscience sans le monde n'est rien. « La conscience est un fait irréductible », c'est un constat qui s'impose, qui paraît évident et que l'on ne peut pas rapporter à une cause qui lui serait supérieure, elle est première et nécessaire à la science et à tous les savoirs. « connaître, c'est s'éclater vers », s'ouvrir à quelquechose d'extérieur à soi, car la conscience est à l'origine vide, elle ne peut pas être à l'origine une pensée déjà constituée, elle est un mouvement vers l'autre, l'extérieur, dont on se distingue tout en s'en approchant. C'est pourquoi la quête de la vérité est sans fin, car puisque la conscience se constitue avec la réalité, alors la vérité absolue n'est pas en nous.
Sartre, comme en phénoménologie, d écrit l'expérience de chacun qu'est l'intuition sensible. Il montre aussi que de se croire dans le rêve d'un autre, d'un Dieu bienveillant, bien que ce soit rassurant, n'est pas intéressant pour l'homme car il s'en trouve privé de liberté. Le monde n'a pas de sens, il est absurde, l'homme y est jeté, mais les hommes peuvent entretenir un rapport amical au monde, comme Camus, qui l'aime.
Pour Sartre, la conscience n'a pas de contenu fixe, elle est un mouvement pur. On ne peut donc pas entrer en la conscience, et elle est séparation entre les hommes, puisque chacun voit le monde à sa manière propre. « La conscience est un refus d'être substance » dira t-il : elle se fait elle même, e l'homme, de ce fait, n'as pas d'essence, il est une existence qui tend vers ce qu'elle choisit de devenir => L'homme est un projet


Autrui

Selon Descartes, l'autre faisant partie du monde, il est accessible ar l'expérience et est vu de ce fait comme une chose du monde. Comme on voit l'autre à partir de soi même, et que l'on ne peut rentrer en nous-même, on voit l'autre comme un alter-ego, un autre moi-même, que l'on rapporte à soi pour en comprendre le comportement, et sur lequel on se projette : on ne rencontre pas vraiment l'autre, on rencontre soi-même dans l'autre.
Partant de soi, on nie donc son altérité à l'autre, il faut donc accepter la différence, l'étrangeté de l'autre. Or, face à l'étrangeté, deux comportements sont possible, la curiosité ou le rejet. Et cependant, malgré les différences qu'il existe entre l'autre et moi, nous restons semblables, nous sommes tous deux humains, et nous avons chacun notre conscience de soi.

Chez Sartre, on revient à de la phénoménologie, car en effet on expérimente un sentiment immédiat de reconnaissance de l'humanité chez l'autre, bien qu'aucune preuve ne l'appuie : croiser le regard d'un autre homme suffit à amener un savoir immédiat que c'est à un homme à qui l'on a à faire. De plus, quand c'est un autre qui nous regarde, on peut éprouver de la gène, car on est un ojet sous son regard, et de ce fait, il nous juge, ou tout du moins on se sent jugés. Il illustre ce propos par l'exemple du trou de serrure : tant que l'on est seul, on est sujet, et on a pas honte, mis dès que l'on devient objet du regard d'un autre homme, on ressent de la honte, et on en ressent pas si c'est un chien par exemple. On ressent en fait la chute de la position de sujet à celle d'objet, l'autre est coextensif à ma conscience, ce qui signifie que je suis tel qu'il me juge. C'est la dialectique de maître et de l'esclave : pour être conscient de moi, j'ai besoin de la conscience des autres, ce qui explique le besoin universel de reconnaissance par l'autre, pour se faire valoir comme un sujet libre dans une lutte des consciences humaines réglée par les constitutions politiques et les règles de mœurs. Je ne suis en fait un sujet libre que si les autres me reconnaissent comme tel, et que j'ai conscience de mes actions.
B : L'inconscient

Pour Descartes, la pensée est tout ce dont on a immédiatement conscience. Ce postulat est parfaitement incompatible avec celui de l'existence d'un inconscient psychique, il pose comme seules actions inconscientes de l'homme celles de son métabolisme, et donc l'homme, hors de la causalité naturelle, est doté du libre arbitre. D'ailleurs, pour lui, l'homme peut se connaître lui-même métaphysiquement et empiriquement, par l'introspection qui permet de sonder les désirs les plus profonds et d'explorer l'âme. Il serait donc plus facile de connaître l'âme que le corps, car on ne peut connaître que par la pensée. L'homme, conscient de tout, peut tout contrôler : il est libre.
Traité sur les passions : Oeuvre de Descartes, où il analyse l'origine des passions humaines. Par exemple, il se connait une attirance apparemment inexplicable pour les filles qui louchent. Il ne serait donc pas libre face à ses sentiments. Cependant, à force d'introspection, il se rappelle que, plus jeune, il st tombé amoureux d'une fille qui louchait => il a ainsi pris conscience d'un souvenir qui était déjà là. On parle de subconscient, « Sous la conscience », mais celui-ci est accessible de cette dernière dans l'introspection.

Chez Spinoza, au contraire, l'âme n'est pas plus facile à explorer que le corps, car même si on connait les effets, on en connait rarement les causes. Freud va lui aussi écrire dans ce sens. Leipnitz, lui, développe une théorie des « petites perceptions », perçues sans pour autant franchir le seuil de la conscience. Illustration : on entend le bruit d'une vague, mais pas celui de chaque goutte qui la constitue. Bergson lui aussi accepte l'idée d'un inconscient psychique, dans un sens descriptif : la conscience sélectionne en effet les souvenirs utiles en fonction de l'action, et donc toute idée n'est pas présente en même temps dans la conscience, elle seraient donc selon lui stockées dans une zone inconsciente, mais passive, qui ne produit aucun effet, assez proche de l'inconscient cartésien.

Pour Freud, il existe au contraire un inconscient dynamique, qui produit donc des effets, mais qui ne peut pas être connu par la conscience car les souvenirs trouvent leurs causes dans les origines de l'être, bien avant le langage, sans que l'on puisse vraiment s'en souvenir, liés aux sentiments refoulés par la civilisation, à savoir le meurtre, l'inceste, et plus généralement la violence. Les sentiments les lus nobles viendraient donc du refoulement des instincts les plus bas. De plus, plus la culture exige de nous, nous impose son contrôle, plus on en souffre. On retrouve Hobbes, avec l'homme n'ayant pas un on fond, qui refoule donc le pire. Quand le contrôle est trop fort, la pacification entre les hommes force cette violence à se retourner contre nous, que ce soit sous forme de dépression ou de comportements excessifs (hooligans, freefight...) L'enjeu de la psychanalyse est , quand le mal-être est trop fort, de remettre en accord désir et pensée, de canalyser l'agressivité. L'homme est donc considéré comme un corps à l'intérieur duquel s'affrontent des pulsions.
Par cette pensée, Freud fait scandale, car sa science ne donne pas de norme, au contraire, elle vise à permettre à chacun d'exprimer ses potentialités, de trouver sa voie. Pour lui, une vie heureuse est une vie dans laquelle on a une activité sociale, des relations avec autrui, et une relation amoureuse satisfaisante.

Chez Freud, l'homme n'a plus de libre-arbitre : son psychisme est plutôt comparable à un iceberg, avec la conscience qui émerge et l'inconscient qui reste invisible, bien que la conscience reste première.
Tout d'abord, le premier moyen d'accès à l'inconscient qui a été expérimenté est l'hypnose. On peut en effet, à l'insu du sujet, insuffler des pulsions à sa conscience. Cependant, ce moyen est assez limité dans le cadre d'un traitement médical car le sujet reste, pendant son traitement, inconscient, et il ne progresse donc pas vraiment.
Ensuite, Freud a beaucoup travaillé sur l'hystérie. Il a ainsi écrit 5 leçons sur la psychanalyse, un recueil de concepts fondamentaux qu'avait commencé Breuer, et que Freud a continué. L'hystérie est maladie nerveuse, car elle provoque des troubles n'ayant pas d'origine organique. Par exemple, entre 1880 et 1918, Breuer reçoit Anna O, qui est au chevet de son ère, et qui souffre des symptômes très handicapants : incapacité de boire, de déformations de la vision, de paralysie partielle, de délires, de l'incapacité à parler sa langue maternelle... Breuer note les élucubrations de la malade dans ses délires, puis il la place sous hypnose, et lui répète les mots qu'elle a prononcé. Cela lui fait raconter des histoires, qui lèvent une partie de ses troubles (par exemple, elle a vu la bonne donner à boire au chien dans un verre, ce qui l'a dégoûté, mais elle n'en a rien dit) Les troubles psychiques sont donc liés au langage, et on peut les guérir par la parole. Le trouble est donc un symbole, qui renvoie au non-dit. C'est en fait une forme de langage, ne s'appuyant pas sur les mots mais sur le corps. La guérison consiste à refaire passer ce langage dans les mots, pour qu'il arrête de s'exprimer par le corps. Le symptôme renvoie donc à quelquechose que la conscience n'a pas exprimé, mais puisqu'il a encore des conséquences, quelquechose d'autre s'en est rappelé, c'est là qu'intervient l'inconscient psychique. Celui-ci est en fait une hypothèse explicative émie dans le cadre d'une démarche scientifique.
La guérison consistant à ramener dans le langage et la conscience ce qui y manque, il est acquis par la psychanalyse qu'il ne faut rien cacher aux enfants : c'est pourquoi Françoise Dolteau explique qu'il faut toujours dire aux enfants ce qui est interdit, et lui donner des raisons.









Freud conclut de l'étude du cas de Anna O que les maladies de la pensée se guérissent par la parole, e qui montre d'ailleurs que l'homme est bien un être de parole jusqu'au bout : c'est par son propre récit que l'individu retrouve sa place et son ordre intérieur. La psychanalyse est une branche de la psychologie, bien qu'étant différente de la psychologie classique, laquelle est cartésienne, et de la psychiatrie, qui elle repose sur les médicaments : la psychanalyse, elle, repose sur le contact humain, et sur le langage. Cela la sépare du comportementaliste, qui suppose plutôt l'homme comme une machine que l'on dresse, par des exercices.
Freud abandonne cependant vite l'hypnose, car la guérison doit passer par la conscience. La psychanalyse est à la fois une théorie et une pratique, à savoir une pratique médicale. En effet, pour lui, « l'homme est un animal malade » => il n'a pas de place et ses troubles se manifestant dans ces effets, il faut donc pour les purger pratiquer l'association libre, et donc parler librement, sans contrôle, sans que la conscience fasse de choix, sans se sentir jugé, c'est pourquoi il faut payer le psychanalyste, car par cette mise à distance on peut accepter de tout dire.

L'inconscient est une hypothèse explicative à différentes choses :
Les actes manqués : choses que l'on voulait faire intentionnellement, mais que l'on rate, comme un malentendu, un lapsus, un oubli... ils peuvent avoir différente cause : ils peuvent être des accidents, et dans ce cas il n'y a rien à comprendre, ou alors on peut y chercher des causes, ils seraient le résultat d'un conflit psychologique entre deux actions, dont une consciente et une au moins partiellement inconsciente. Freud illustre cet exemple par l'histoire d'un patient : sa femme lui a offert un livre, mais depuis qu'il est en froid avec elle, il l'a perdu. Cependant, une fois que ses relations avec se femme se sont améliorées, car elle s'occupe de son père malade, il l'a retrouvé : il semble dès lors que le livre a cristallisé ses relations avec sa femme, et qu'il en a été le reflet. Si je ne fais pas forcément ce que je veux, alors certains de mes actes m'échappent, je ne suis pas seul maître à bord : « un corps est une guerre », le lieu de conflits psychologique.
Le rêve, qui est une voie d'accès privilégiée à l'inconscient, qui a toujours été admiré par les hommes, car il a une dimension métaphysique, en relation avec les esprits qui nécessite une interprétation : dimension prémonitoire du rêve. Pour Bergson, la conscience est absente durant le sommeil, et les idées nous apparaissent au hasard, sans avoir aucun sens : elles ne permettent pas d'interprétation Chez Freud, au contraire, le rêve a du sens qu'il faut interpréter. Il concerne le rêveur lui-même, il doit être décodé pour en connaître le sens caché, sachant que le code est propre à chaque individu. Un rêve est comme un rébus, chaque image a un sens, car elle porte une idée, elles portent un message cohérent. Leur contenu est souvent sexuel, car en rapport avec notre libido, l'homme étant un corps, les pulsions sexuelles sont prédominantes. Le rêve est toujours l'expression du désir du rêveur, il est aussi le gardien du sommeil du rêveur et permet la satisfaction des désirs intimes. Les cauchemars aussi le sont, ils sont des satisfactions des pulsions de mort de chacun, dits tanatos par Freud.

Texte 14 p33 : Critique de la psychanalyse : Atteintes à l'orgueil humain, car elle supprime le libre arbitre, puisque le sujet est divisé, brisé, il est l'effet d'une cause et non irréductible. De plus, elle s'oppose aux idées religieuses, et à l'intuition sensible. Présomption d'actes sans origine consciente, toutes nos idées nous viennent sans qu'on puisse dire d'où elles nous viennent. L'inconscient est une hypothèse explicative à ces actes inconscient : c'est un principe construit pour expliquer des phénomènes que l'on peut observer.
Pour expliquer les comportements humains, c'est à dire pour ramener le psychisme à ses causes, il est nécessaire de supposer un inconscient. Or ce n'est pas une hypothèse vérifiable, car par définition, on ne peut pas en faire l'expérience. On explique en fait le visible (par exemple la chute d'un corps) par l'invisible (loi de la chute des corps). La loi est abstraite, mais elle explique des phénomènes concrets. De plus, elle est confirmée par l'observation.
Les polémiques sont toujours fortes en science, surtout quand l'homme est directement touché, et Freud ira jusqu'à dire que l'homme n'est pas maître de lui-même dans son conscient, l'opposition en est donc d'autant plus forte. Freud voit dans l'inconscient des pulsions qui traduisent la lutte entre Eros et Thanatos, les pulsions de vie et de mort : pulsions sexuelles et morbides.
Hypothèses légitime et nécessaire, car elle explique les observations. Une théorie est vraie si elle permet d'émettre des prévisions, et que celles-ci sont vérifiées. On trouve ainsi des preuves indirectes de l'inconscient, qui est un concept scientifique précis. On ne peut pas en avoir de preuve directe, car il est un autre absolu de la conscience, on ne peut donc jamais en faire l'expérience. La conscience est dite lacunaire : elle ne justifie pas tous les comportements, il existe des discontinuités qui ne peuvent être expliquées.
Un compulsion est un phénomène imposé à nous, que l'on se sent obligé d'accomplir, même s'il nous paraît absurde. Les compulsions, les rêves ont pour origine l'inconscient, mais aussi toutes les idées, comme la curiosité, qui peut provenir de la recherche qu'ont les enfants de leur origine. Les désirs socialement valorisés trouvent leur origine dans les mêmes conditions que les désirs les plus pénibles : le goût de la recherche et l'alcoolisme viennent du destin des pulsions, qui orientent les désirs sans que l'on puisse les maîtriser, mais la conscience n'est pas nulle, on est à la fois résultat et sujet actif : plus on a conscience d'être le jouet d'un ensemble de force, plus on peut soi même réorienter ses désirs vers la valorisation. L'inconscient est un « monstre » que l'on nourrit en nous même : peur du noir liée à la peur de ce qu'on ne peut pas imaginer.

En effet, on place toujours à l'extérieur de soi le monstre que l'on ne veut pas être : on pose l'autre comme un monstre, et du même coup on se pose comme un être bon. Freud, au contraire, pose le monstre en nous, sans arrêt, et que les conditions extérieures peuvent sans arrêt le faire ressortir
Les pulsions sexuelles refoulées trop violemment peuvent faire souffrir, et c'est à soulager cette souffrance que vise la psychanalyse, et non pas à libérer l'inconscient. Si on s'obstine à la pensée cartésienne, si on reste persuadé qu'on est absolument libre, on perd de plus en plus sa liberté, c'est seulement à condition d'avoir conscience de sa limitation de liberté par l'inconscient qu'on peut vouloir être libre.
L'hypothèse de l'inconscient permet de fait un « gain de sens » dans le comportement humain, car l'homme est conscient, et de ce fait il a besoin de sens autour de lui. La science va toujours au-delà de l'expérience immédiate, qui est simplement observable directement, et donc les hypothèses ne sont pas issues de celle-ci : on doit la rompre pour expliquer les phénomènes, et c'est cette démarche que Freud veut appliquer aux humains : pour l'expliquer scientifiquement, il est nécessaire d'aller au-delà de l'expérience sensible. Celle-ci est le point de départ de toute observation, mais elle ne peut pas guider l'explication, celle-ci doit être construite.

Cependant, la psychanalyse manque encore de preuves expérimentales, de prévisions vérifiées lors de l'expérience, et de technique efficace permettant d'arriver à un but fixé à l'avance dans le comportement du malade. Même si elle arrive à 80% de réussite, le même taux que les autres formes de thérapie, elle sont très longues, coûtent très cher et on lui préfère en général la psychiatrie et le comportementalisme (dressage du corps). Puisqu'elle ne permet pas l'émission de prévisions vérifiables, la psychanalyse n'est pas une science classique.

Pour K. Popper, une théorie scientifique doit être falsifiable : on doit pouvoir prouver qu'elle est fausse, et chaque fois qu'on prouve qu'une théorie est vraie par l'expérience, il faut qu'elle puisse prendre le risque d'être fausse. Le problème de a psychanalyse est qu'elle ne prend pas ce risque, et qu'elle intègre dans sa propre théorie les oppositions à elle-même. Par exemple le Marxisme permet une prévision d'une révolution prolétarienne, et elle semblait confirmée par des faits historiques. La théorie de la relativité, elle, était purement théorique, un simple système d'équation au départ, puis une fois ses prévisions théoriques vérifiées, elle devient une théorie physique reconnue. A son contraire, le marxisme et la psychanalyse ne sont pas des sciences au sens strict, ce qui ne veut pas forcément dire qu'elle sont fausses.
=> La science n'est pas e seul modèle de vérité.
On peut aussi remarquer que le fait que ces deux sciences ne soient pas exactes est assez rassurant, car elles rendraient l'homme manipulable, constructible, qu'on le transformerait d'un départ à un but. Les analyses ne sont pas prévisibles, et donc les changements ne sont pas prévisibles non plus. La psychanalyse, par on imprévisibilité, confirme en fait la liberté humaine, qui se fait pendant qu'elle agit. « On se construit soi-même au quotidien » (Bergson)

Freud s voulant scientifique, théorise un modèle, une représentation simplifiée de la réalité :
Premier modèle de l'appareil psychique, ou topique :




















Objection de Sartre : Pour lui, on a au contraire eu conscience du refoulé, et on peut en prendre conscience. Pour lui, l'inconscient est une forme de « mauvaise foi », c'est une forme de duplicité de la conscience : on se ment à soi même pour ne pas voir la réalité.
Il cite ainsi le cas d'une jeune fille, qui, amoureuse de son beau-frère, culpabilise de ce désir après la mort de sa propre sœur, ce qui provoque en elle un conflit psychique. Après une psychanalyse, elle prend conscience de ce désir, et donc celui-ci n'est pas inconscient. Freud, qui avait prévu cette objection, avait mis au point une deuxième topique :

















Le sujet devient donc bien un effet, ce n'est plus lui mais le ça qui est originel.

L'apparition de l'interdit est nécessaire pour construire des êtres sociaux, par le refoulement qu'elle entraîne. En effet, lors de la naissance, le bébé quitte son paradis chaud : il conçoit un désir de revenir à sa mère, ce qui conduit donc à un désir incestueux. Celui-ci est renforcé par le sevrage : privation du sein de sa mère, qui lui provoque une frustration, une castration symbolique par le père, celle-ci étant un moment crucial de la construction mentale, car l'enfant bascule alors dans la société. On parle du complexe d'œdipe : par mimétisme avec le parent de même sexe, l'enfant entre en rivalité avec lui pour la possession du parent de sexe opposé. L'enfant, cependant, vit difficilement ce désir de meurtre du rival et de possession, et devant ce complexe sentimental, il se produit un refoulement massif qui permet l'apprentissage et la socialisation, jusqu'à la puberté ouù certains éléments ressurgissent, provoquant l'opposition au parents qui débouche sur la sortie de la famille. Chaque renoncement qui lui est imposé fait grandir l'enfant, et le fait progresser vers le statut d'être social, dans le but de trouver un substitut à ses plaisirs primaires.
A l'origine, le petit désir être tout, c'est ce que l'on appelle le narcissisme primaire. Il doit apprendre qu'il n'est pas tout, et cela se fait par le susdites castrations. La socialisation ne peut se faire que lorsque l'enfant renonce à ses pulsions, lesquelles se transforment en désirs par la pression de l'interdit. Les désirs nous lient aux autres, alors que les pulsions sont toujours tournées vers soi-même. C'est pourquoi Freud postule que les désirs les plus nobles ont pour soubassement les pires pulsions refoulées. En effet, le désir est un renoncement à la satisfaction immédiate pour une satisfaction supérieure et différée, dans lequel peuvent parfois transparaître des fragments de pulsion sous forme de fantasmes ou de plaisirs inexplicables. Celui-i naît en fait par nostalgie
des pulsions, rendues inaccessibles par les interdits. L'un des plus basiques est d'ailleurs le désir de désir, ou autrement dit le désir de reconnaissance par ses égaux, immédiatement suivi du désir de chocolat.
De plus, à l'origine, l'interdit est extérieur à l'individu : moment « négatif » de l'éducation pour Kant, on pose des limites, on fait de la discipline, alors que chez l'adulte, les règles sont acquises, intériorisées, et le surmoi permet l'auto-discipline. Celui-ci fait ressentir de la culpabilité, et c'est cette symbolisation de l'interdit en nous qui fait de nous des animaux sociables. Cependant, cela fait souffrir le moi, car il n'est pas son propre maître : il est bloqué ente la réalité extérieure, les autres hommes, les pulsions du ça, et l'instance du surmoi. Celui-ci peut aussi devenir tyrannique, et cela provoque d'importants conflits psychologiques, c'est pourquoi il faut mettre des mots sur les interdits que l'on pose aux enfants, sans pour autant entrer dans une discussion d'égal à égal avec eux, pour que l'autorité leur soit effectivement extérieure, et que leur surmoi soit modéré. Si la société impose beaucoup d'interdits, là aussi le surmoi devient tyrannique et les hommes peuvent en souffrir : la société peut peser à l'homme.

Jean Stiegler, un philosophe qui a purgé une peine de prison, analyse notre monde comme dominé par l'individualisme, la consommation, et que c'est cette dérive qui provoque les suicides et les déprimes. En effet, selon lui, la société tend à court-circuiter les le circuit du désir pour le ramener à la courte pulsion, satisfaite dans la consommation immédiate. Les hommes ne sont plus capables de symboliser, il sont donc conduits à la violence, et ils retournent celle-ci contre eux-même.

L'interdit étant porté dans la langue, le complexe d'œdipe prend place de manière différente dans toutes les cultures.

Cette théorie de l'inconscient possède diverses implications philosophiques :

Le rapport entre l'âme le corps est extrêmement intime, les deux sont en fait indémêlables, et les pulsions du corps s'imposent en représentations mentales.
La connaissance de soi est difficile, voire impossible dans sa totalité
Le passage de Nature à Culture est basé, comme chez Levy Strauss, sur l'interdit, d'une rupture totale entre pulsions naturelles et la culture.


La civilisation devient de fait la nécessité de s'associer pour survivre, et réaliser ses besoins de vie, de sécurité et de travail. Pour s'associer avec les autres, l'homme doit renoncer à ses pulsions. Plus la civilisation est évoluée, et plus le renoncement aux pulsions est important. Cela ce produit donc petit à petit dans toutes les sociétés, mais aussi l'échelle individuelle pour chaque individu. La psychanalyse ne vise donc pas à libéré le refoulé, mais à relâcher la pression qu'il impose à l'individu.
Le retour total aux pulsions peut être aperçu dans les guerres civiles, dans les génocides, qualifié par ceux qui y ont assisté comme le « nu de la vie », ce qui résume la perte totale d'humanité et de culture qui y prend place. Les bourreaux eux-même ne se souviennent de rien, car ils étaient hors d'eux-même et de toute humanité. Le monstre est encore porté en nous, il est nécessaire d'en avoir conscience pour éviter ces massacres.

On parle de sublimation quand on détourne le pulsions de leurs objets immédiats pour les mettre « à disposition de l'évolution culturelle » : l'énergie pulsionnelle est convertie en désir. Une partie de l'énergie des hommes cherche à satisfaire les pulsions refoulées, comme l'art par exemple.

Raphaël

Raphaël
Modo de l'espace

Bonsoir,

Toutes mes félicitations Nicolas. Bon, tu t'en fiches mais je le dis quand même.
Je vais essayer de faire quelques retouches, et je te les renverrai si tu le souhaites.

A+

Nico

Nico
Admin bouclé

Raphi, tu sais bien que je ne me fous jamais de ce que tu dis, et je te remercie, bien tard il est vrai, de ta réponse.

Ici, la suite et la fin du chapitre 3, avec Epicure notamment. Je vais poster un autre sujet sur la morale.

Il existe deux tendances chez les animaux, l'empathie et l'agressivité, qui se retrouvent sous forme de pulsions chez l'homme, et expliquent les comportement destructeurs de sa part. Au fond de tout désir, il existe un désir de mort, qui représente un état d'entropie absolue, le retour à la matière inorganique qui n'est soumise à aucune tension.
Selon Freud, le désir est nécessaire, et celui-ci doit être orienté de façon à procurer une activité satisfaisante, car de ce fait il devient culturellement valorisé, ce qui facilite en général la relation avec les autres.
La société exige le renoncement à l'agressivité, car celle-ci empêche la vie en société. Les hommes instaurent donc en eux-même un surmoi. Face à cette intrusion, la tendance naturelle du moi est de se rebeller et d'exprimer ses pulsions agressives, et c'est de là que vient le malaise dans la société que ressentent les humains. C'est aussi pourquoi il est nécessaire de lier les pulsions d'agressivité et celles d'érotisme pour leur donner la forme d'un désir à la fois humanisant et valorisé.

C : Le désir et le bonheur

L'homme est un être de désir, il est désirant, et de ce fait conscient.
Il est porté vers des buts par une certaine énergie vitale, qui pousse l'homme à attendre des objets que l'on désire une satisfaction, le bonheur. Et cependant, même une fois que la satisfaction est ressentie, le désir ne s'éteint pas. Subjectivement, l'objet du désir est vécu comme un manque, ce qui met le désir en relation avec une insatisfaction, une sorte de douleur, et la satisfaction du désir, en comblant ce manque, apporte la satisfaction, et donc le plaisir. Cependant, l'état de bonheur n'est pas permanent, car le désir se porte en permanence sur de nouveaux objets. Il est donc un reflet de « la misère humaine », car il empêche l'accès à la béatitude en nous mettant toujours en tension vers des objets nouveaux. D'ailleurs Shopenhauer, le désir est comme le balancier d'une horloge :







Ce dernier est influencé par le bouddhiste et pour lui, la vie humaine n'est que souffrance, car elle est poussée par un désir toujours insatisfait. Malgré tout, on fait tous l'expérience d'activités qui nous satisfont, et qui font que l'on ne désire plus rien que celles-ci quand on les pratique.
Il faut cependant renoncer au bonheur total et béat, durable et infini, il ne peut prendre lieu que dans un instant ponctuel. Il est un but ultime et sa recherche permet d'éviter le pessimisme de Shoenhauer. Le mythe du bonheur n'étant plus valide, car la béatitude permanente n'est pas accessible, alors que e bonheur, lui, l'est, par une vie réussie.

Le désir est paradoxal, car il désire à la fois être et ne pas être satisfait, dans la mesure où il est une énergie qui nous pousse vers sa satisfaction, tout en sachant ben que l'entière et pleine satisfaction, et donc l'arrêt des désirs, est un arrêt pur et simple de la vie. Comme le dit Rousseau, « Vivre sans peine n'est pas un état d'Homme, vivre ainsi c'est être mort ».
Le désir est une abstraction, une énergie, et il est porté par des désirs, lesquels sont ponctuels et clairs à notre conscience. Avoir un désir unique est la passion, ou l'obsession, intense certes, mais dangereuse, car perdre son objet provoque la mort du désir. Il est donc plus sain d'avoir des désirs, que l'on satisfait sans pour autant combler Le désir, qui continue de nous pousser et d'être notre principe actif. Le bonheur se trouve donc dans l'activité, elle même étant source de satisfaction, et non dans la béatitude permanente.

Distinction entre désir et besoin :
Ces deux notions sont confondues dans le langage courant, car toutes deux renvoient à un état de manque que l'on désir combler. Cependant, on peut faire la distinction entre les deux, sachant que le besoin est naturel, et donc limité : sa satisfaction est nécessaire, vitale, et cependant il est assez facile à combler, dans le cadre de la survie individuelle (faim, soif) et collective (reproduction). Sur ces besoins primaires, il se greffe des besoins secondaires, non plus naturels mais culturels, et qui ont donc changé dans l'histoire, et qui apparaissent, eux aussi, à portée du commun des mortels, puisqu'il suffit pour être heureux, d'une vie pauvre, c'est à dire sans superflu, mais sans manquer du nécessaire (ce qui la différencie de la vie misérable). C'est sur ces besoins secondaire que s'appuie le désir, qui, lui, est infini. On a par exemple le désir de reconnaissance, qui fait que l'on s'habille, que l'on boit, que l'on mange de façon à être reconnu par les autres comme un individu, et c'est à cause de ce « désir de désir » que l'image que l'on communique aux autres nous importe.
Dans notre société, on s'exprime à travers ce que l'on possède, et donc notre désir devient captif de la consommation, que l'on peut ressentir d'autant plus fort qu'on est dans le manque, car on peut choisir la vie pauvre, mais si elle nous est imposée, on tente d'en sortir, car l'accepter nécessite une formation intellectuelle. Le désir de désir est le reflet de notre besoin d'être, et de se savoir, un sujet libre, et égal aux autres.

Le désir comme manque radical, comme le voient Freud et Platon
Le manque ressenti à travers le désir ne serait pas seulement sa conséquence, mais serait en fait toute l'essence du désir.
Pour Platon, le désir est ambigu, car il serait à la fois un manque de l'incomplétude et une tendance vers l'incomplétude. A la fin du Banquet, il écrit le mythe de la naissance d'Eros, qui aurait eu lieu lors d'un banquet célébrant celle d'Aphrodite : Pénia, la déesse du dénuement, de la misère absolue, profite du sommeil de Poros, le dieu de l'inventivité, extrêmement dynamique, et qui de ce fait ne manque jamais de rien, qui à ce moment à trop bu, pour concevoir un enfant. Eros, le fruit de cette union, est donc à la fois un manque absolu et impossible à combler, et cependant, il est toujours en activité pour trouver le moyen de se satisfaire.
L'homme, à l'image d'Eros, est lui aussi toujours inquiet, en quête permanente d'une satisfaction de son désir qu'il ne peut cependant jamais combler, et appelle de ce fait de ses voeux ce qu'il ne peut pas avoir.

Pour Platon, le désire qui se prote sur des objets sensibles, tels que la richesse et la gloire, est infini, car on en veux toujours plus, et dans ce cas on ne peut donc pas trouver la complétude. Dans Gorgias, il utilise, pour décrire ce désir, l'image du tonneau des Danaïdes, qui est percé et qu'il faut donc remplir en permanence, ce qui marque l'insatisfaction, la recherche infinie. Pour Caliclès, le bonheur est dans la multiplication des désirs, et dans leur satisfaction. Au contraire, Platon, lui, veut trouver un état d 'équilibre des désirs. Ainsi, il pense bon de satisfaire les plaisirs du corps avec tempérance, pour ne provoquer ni addiction, ni souffrance dans laquelle le corps en manque capture l'esprit.

Puisque le désir ne peut être satisfait dans ce monde parles objets sensibles, alors le véritable objet du désir est dans un autre monde, le monde intelligible, que l'âme a connu mais qu'elle a perdu, et c'est d'ailleurs de cette séparation, et de la nostalgie engendrée par celle-ci, que naît le désir. Le désir est de plus infini car son objet l'est lui-même. C'est donc pour ça que la vie la plus heureuse est celle qui est tournée vers l'intelligible, le véritable objet de notre désir.

De plus, pour Platon, la beauté est une idée qui a un avantage sur les autres, c'est le fait qu'il existe un beau absolu, qui est le lien entre tous les objets beaux, qui n'ont pourtant à priori rien à voir les uns avec les autres. La beauté provoque un état de contemplation, elle suspend l'action du vivant. Elle amène en fait une nouvelle dialectique, qui suit un cheminement d'abstraction : on trouve un corps beau, et pour ne pas être captif de cet objet sensible on aime tous les corps, puis on étend cet amour aux belles actions, puis aux belles âmes, et enfin, on finit de se détacher du monde sensible en aimant la beauté absolue. Malheureusement, dans la vie, on ne peut que tendre vers la beauté absolue sans jamais pouvoir l'atteindre, on ne la rejoint que dans le monde intelligible, une fois ad patres.

Texte de Platon, qui rappelle que l'objet de notre désir est le Vrai. La violence a pour origine le corps, car ses désirs se portent sur des objets sensibles, concrets, et de ce fait impossibles à partager. Le corps empêche donc l'âme de se tourner vers le bien.

On s'intéresse à présent à la conception habituelle du bonheur : bon-heur, par étymologie, signifie bonne chance, bonne fortune, et de ce fait il dépendrait donc du hasard. On prend pour exemple l'horoscope : le bonheur est un cocktail d'amour, de richesse et de santé. Cependant, on est toujours en manque, même de ce que l'on a : les beaux veulent être encore plus beaux, les riches encore plus riches, ce qui nous entraîne dans cette quête infinie, entrainant cette sensation de manque, là aussi essence du désir.
Une partie de notre bonheur et de notre malheur nous est bien extérieur, dépendant de forces qui nous dépassent ou tout du moins sur lesquelles on a aucune influence, mais cette conception du bonheur ne permet pas vraiment de réflexion philosophique, puisque tout dépendrait du hasard. On considère donc, en philosophie, le bonheur qui dépend de nous. On a de plus évacué la notion comme bonheur de la béatitude totale, car celle-ci est inaccessible.

En métaphysique, Platon voit le désir comme une nostalgie des âmes, qui veulent retrouver leur complétude perdue. Il y a là déchirement, car on ne peut alors jamais, dans la vie, trouver l'objet de son désir. On a ainsi une vision assez tragique de la condition humaine. Pour lutter contre ce tragique, le christianisme introduit le divin en ce monde, qui fait que la vie est aimable La métaphysique et religieuse et platonicienne traduisent toutes deux un sentiment universel d'insatisfaction et d'appel vers un monde qui n'est pas celui-ci. Cet appel vers un ailleurs, ce « désir de Dieu » est d'ailleurs pour Niteze la preuve de la non-existence de Dieu, lequel serait alors seulement une projection de nos désirs sur la réalité. De plus, on retrouve cet appel dans toutes les religions, qui présentent la mort comme un seconde naissance. Cependant, la conception religieuse reste basée sur un élan irrationnel, un pari, qui suppose l'acceptation de l'existence d'un monde au -delà de ce monde, et qui repose donc sur de l'intuition, et qui est parfaitement indémontrable.

Chez Freud, la structure du désir est très similaire à celle de Platon, à savoir que le désir naît d'un manque radical ne pouvant être comblé, issu d'une séparation. La seule différence est dans la nature de la séparation :
-Chez Platon, c'est celle de l'âme et du Vrai
-Chez Freud, c'est celle qui a lieu à la naissance, quand l'enfant est séparé de sa mère, et perd ainsi l'état d'équilibre parfait dans lequel il se trouvait jusque là, et de son absence totale de manque.

Il est pourtant impossible pour l'enfant de reformer l'unité primale qui le liant à sa mère, pour lui ce serait la mort, car en l'absence d'une autre dimension comme chez Platon, il n'est rien au delà de ce monde. C'est pour empêcher ce retour que l'enfant doit être soumis à des « castrations ». On peut rechercher la relation avec sa mère à travers l'amour qui lie un enfant et sa mère, mais la fusion totale est prohibée, car morbide. Pour faire de l'enfant un sujet individuel, il est de plus nécessaire que le père intervienne en triade. Chez Freud, la vie heureuse est une vie dans l'activité satisfaisante, malgré le profond désir de retour à l'état originel, c'est à dire l'absence de toute tension, et donc la mort, et il faut donc faire attention, sans pour autant perdre le désir, de ne pas le satisfaire pleinement. D'ailleurs, Freud postule qu'au fond de tout désir ce désir de mort subsiste (texte n°11).
Le bonheur est individuel, pour Freud, ce qui signifie que le bonheur ne peut être vraiment un objet de politique, quand bien même le cadre politique est essentiel au bonheur, avec une stabilité et une justesse des conditions sociales. De plus, deux facteurs interviennes (pour lui) dans la recherche du bonheur :
Les conditions extérieures
Le tempérament personnel, dont il distingue trois sortes :
Érotique, qui cherchera la relation affective,
Narcissique, qui cherchera l'accomplissement personnel dans l'intellect,
Homme d'action, qui agit dans le monde par la politique.

On s'oriente donc selon ses pulsions et leur sublimation, dans une constitution progressive du désir et de ses choix. Freud ne trouve donc qu'un conseil universel : diversifier ses désirs, et ne pas avoir une passion unique.

Conclusion du chapitre sur les désirs avec un texte d'Epicure :
Au 3° siècle, à Athènes, Epicure fonde une école de philosophie, en même temps que les stoïciens. La pensée est toujours liée au contexte historique, et à cette époque, la Grèce classique est en plein déclin, puisqu'elle est vaincue par les armées macédoniennes. Pour Platon et Aristote, la seule vie satisfaisante est celle qui est menée au sein de la cité, dans un contexte de démocratie. Le principe directeur supérieur disparaît, et il est nécessaire de se mettre d'accord par le débat. Aristote, lui, décrit l'homme comme un être social, ne pouvant QUE vivre parmi ses semblables. D'ailleurs, il a toujours été en société, de la famille à la cité. Il existe un intermédiaire, une union de petits groupes dans un but de survie : le village. Quand celui-ci se dote de lois, et il devient peut à peu une cité. On parle ici de finalisme, car l'état final était visé dès le début.

Chez les Grecs, la vertu est l'achèvement de soi, l'accomplissement de sa propre nature. On peut donc parler d'un cheval ou d'un couteau vertueux, dans le sens qu'ils sont, dans leurs nature, excellents pour accomplir ce que l'on attend d'eux. L'Homme vertueux, lui, vit parmi les siens, et vit une vie méditative au delà de sa vie politique. Cependant, au 3° siècle, les cités-état ont disparu, et l'accomplissement de la vie humaine prend nécessairement une autre forme.
Chez les Stoïciens, on prône le cosmopolitanisme, c'est à dire l'extension de la politique pour que celle s'applique tout autour du monde, les hommes étant tous d'une égale valeur.
Epicure, au contraire, est plus en faveur d'une réduction du cercle politique aux amis, ce qui protège chacun du monde extérieur, car voulant produire ensemble la vie la meilleure possible.

On peut donc constater que les deux écoles sont opposées, et cependant on peut les rapprocher sur certains points :

Toute deux sont des eudémonismes, c'est à dire que le bonheur est leur but. Cependant,
L'épicurisme est un hédonisme, fondé sur le plaisir qui amène la vie heureuse. Epicure est donc un matérialiste, pour lui tout est constitué d'atomes ou de vide, il n'existe nulle providence, et de ce fait le monde ne possède aucune finalité, tout est là par hasard et par nécessité, suivant les lois de ce monde.
Le stoïcisme, lui, voit un univers certes hasardeux, mais constitué comme un organisme, d'un ensemble de parties liées les unes aux autres, et il serait donc une totalité. Cela en fait le meilleur univers possible, car organisé par une logique, et il est donc nécessaire, pour être heureux, d'accepter l'univers telle qu'il est, et l'aimer. Il faut donc distinguer ce qui dépend de nous, sur quoi on peut influer, et ce qui nous est supérieur, que l'on ne peut changer, et qu'il faut donc accepter. L'homme est donc libre dans la mesure où il ne dépend que de lui, et celui qui est vertueux est une forteresse.

Toute l'œuvre d'Epicure a été perdue, il ne reste en fait que 3 lettres : à Hérodote, à Pitoclès et à Ménécée.
La lettre à Hérodote est une description abrégée des principes fondamentaux addressée à ses disciples. De fait, la pensée épicurienne se destine à devenir un mode de vie, car il est important pour les grecs de vivre comme on pense, et de penser comme on vit. Ainsi, une vraie philosophie est une pensée associée à un mode de vie. Sur la base d'une doctrine, il faut donc adapter sa propre vie. Toute philosophie possède trois grandes articulations, la théorie de la connaissance, la théorie physique, et le principe éthique.
Pour Epicure, seule la perception peut amener des idées, qui forment des sensations. Une idée ne peut donc pas être vraie si elle ne eut être ramenée à une expérience primitive. Une objection peut être faite à ceci, car le monde serait constitué d'atomes et de vide, dont on ne peut pas fait l'expérience, mais le raisonnement nous permet de concevoir l'atome, puisque les corps peuvent êtres divisés à l'infini sans pour autant arriver au vide : il existe donc une unité élémentaire. De plus, le mouvement est possible, donc tout n'est pas plein, et donc on peut en conclure que entre les atomes, il y a du vide.
Pourquoi l'Univers est il infini ? Parce que la probabilité que l'ordre émerge de chaos est infime, et donc il est nécessaire que l'univers soit infini. De ce fait, rien n'est étrenel.

Lettre à Pitoclès, principe physique : Epicure y explique des phénomènes naturels, en particulier ceux qui font peur, car la peur engendre la soumission par la superstition. La science, par la connaissance qu'elle apporte, est rassurante car elle montre que la nature n'est pas malveillante, et Epicure peut se permettre de donner 3 ou 4 explication à chaque phénomène, car il ne cherche pas la vérité, ni la maîtrise de la nature, mais simplement un pouvoir de l'homme sur lui-même pour se libérer de la peur.

Lettre à Ménécée, principe éthique : Comment vivre une bonne vie ? Pour Epicure, la philosophie n'est pas un but, mais un moyen : elle permet le salut de l'âme, et la vie heureuse. Pour lui, la philosophie produit le bonheur. « La philosophie est une activité qui, par des raisonnements, produit la vie heureuse ». La pensée grecque est donc fait pour s'inscrire dans le monde.
De plus, même si dans notre société le jeunisme domine, il n'est va pas de même chez les Grecs, qui voient les ancien comme des sages, car ceux ci sont au-delà de la peur : la philosophie amène même le bonheur dans la vieillesse, car se souvenir d'une vie heureuse est heureux.

Le bonheur est placé en but suprême, et non pas en bien relatif que l'on chercherait à atteindre en vue d'un autre objectif : le bonheur est recherché pour lui-même. Le bonheur épicurien consiste en l'ataraxie, c'est à dire l'absence de crainte, et l'aponie, le pays du père noël, où personne n'a mal nulle part.

Pour lui, il existe 4 grandes craintes :
Les dieux, ou plus généralement la superstition,
La mort
La douleur
Le désir
La pensée d'Epicure est dite thérapeutique, car elle vise à guérir l'âme, et à créer la santé.

Les Dieux existent, car on en a une notion commune, or puisque les idées doivent venir des sensations, tout le monde doit voir fait l'expérience des dieux, et donc par conséquent, ceux ci existent. Chez Epicure, la vision se fait par un système de simulacre : les atomes superficiels se détachent du corps pour toucher nos yeux, d'où la vision est un dérivé du toucher. Le dieu est donc fait d'atomes, et il vit dans des intermondes. Le dieu, en tant qu'être parfait, est parfaitement autosuffisant, et puisqu'il se suffit à lui-même, il ne s'intéresse pas aux affaires humaines. La pensée est démystifiée, car l'impiété n'est plus le refus de rendre un culte aux dieux, mais devient une simple idée faussée des dieux.
« A partir de là...grands avantages » : on croit que les dieux sont impliqués dans les vies humaines, et qu'ils sont responsables de notre bonheur ou de notre malheur, mais il paraît inutile de prier les dieux, lesquels sont sollicités de toute part, et par des demandes complètement contradictoires.

La mort, elle, n'est rien, car elle nous prive de toute sensation, et ceci posé, on ne peut pas en faire l'expérience, car si elle me touche, je ne sens plus, et si j'ai encore des sensations, c'est que je ne suis pas mort. De plus, si je parviens à me libérer de la peur de la mort, je gagne de la liberté, car je suis au-delà des relations d'autorité, et on ne peut donc plus rien m'imposer. Ce qui compte le plus est en fait ce que l'on fait du temps dont on dispose : le divertissement est une fuite du temps qui passe. Une vie peut donc être joyeuse et mortelle : il suffit d'appliquer le carpe diem, c'est à dire vivre le présent, vivre chaque heure comme si elle était la dernière, et donc être en accord avec ce que je fais, même si je fais ce que je fais habituellement : mon activité est alors pleinement satisfaisante, comme la philosophie ou l'amitié. Le but est donc d'aimer la vie, car rien n'y est redoutable pour celui qui ne craint pas la mort. Il ne faut pas craindre le moment à venir, car c'est créer son malheur est vain, comme imaginer sa propre mort. De plus, l'espoir n'est pas bon, car il amène l'incertitude et rend possible la déception, alors que si l'on a pas d'espoir on peut jouir sans contrainte de ce que l'on fait et possède. On peut résumer ceci par une phrase de Montaigne : « Il faut planter des choux pour planter des choux » : on se satisfait de son activité, de la coïncidence entre soi et soi-même, car le présent est le seul temps du réel, à la différence du passé ou du futur qui ne sont des temps présents que dans la conscience.
« Habitue toi à penser » : inclue dans ta manière d'être cette nouvelle composante par un entraînement psychique pour modifier ton être.

Cependant, Epicure est dogmatique, car il ne doute pas. Il est persuadé de détenir la vérité et l'accès au bonheur, mais sa « connaissance droite » est basée sur des principes métaphysiques, et partant invérifiables.

De plis, on peut objecter à ceci que, dans le modèle politique, il est nécessaire de se projeter dans l'avenir pour faire tendre le présent vers un but.

Pour Epicure, le bonheur trouvé dans l'attente est toujours nimbé de malheur, l'espoir projeté dans le futur peut toujours être déçu, et il est donc toujours nécessaire de prendre plaisir au présent. Face à la mort, les hommes désirent toujours être immortels, pour avoir toujours un peu plus de temps, mais ils ne profitent pas forcément du temps dont ils disposent réellement. Cependant, on ne peut pas non plus toujours suivre aveuglément son plaisir, il faut raisonner ses envies : la douleur au travail donne de la joie, le plaisir intellectuel est infini, alors que la drogue est un plaisir très ponctuel, alors qu'elle amène de grandes douleurs. En l'absence de la peur de la mort, l'homme ne craint plus rien, et sa liberté est donc totale, car il n'est soumis à aucune pression. En effet, la peur de la mort et du moment où elle vient, car la seule expérience que l'on peut en faire est indirecte, par la mort de nos proches, mais en personne, on ne peut pas l'expérimenter puisque elle nous coupe de nos sens. De ce fait, pour s'en libérer, il faut y penser, sans pour autant la fuir sans arrêt, puisque la fuite éternelle est une privation de liberté.
Le sage coïncide avec son présent, il n'a ni peur de vivre, ni de mourir. De plus, celui qui aime la vie ne craint pas la mort. Au contraire, celui qui souhaite ne pas être né, et mourir au plus vite, et qui de plus considère que cette parole est une sagesse, lui, n'aime pas la vie (nooon... Si ?), mais ce ne serait cependant une sagesse que si celui qui la profère se suicidait, puisque la pensée vraie et sincère est appliquée à la vie par celui qui la pense vraie. Or si il ne se suicide pas, c'est qu'il plaisante, mais comme il peut influencer des gens, et avoir un impact significatif sur leur vie (le suicide est relativement significatif), il est impropre de plaisanter.
L'avenir n'est pas le notre signifie qu'il ne sera ni tel qu'on le souhaite exactement, mais cependant il peut être influencé par nos actes pour tendre vers ce que l'on veut en faire. De ce fait, l'avenir peut être meilleur que le présent.

3° grande cause de crainte : la douleur du corps, qui est un obstacle au bonheur, on craint donc le passage de la vie à la mort. Cependant, elle non plus ne doit pas être crainte, car on peut s'en libérer, sois par la perte de connaissance si elle est trop intense, et si ce n'est pas le cas, on peut vivre avec.

4° cause : les désirs, soit naturels soit vains.


Epicure ne condamne pas forcément les pratiques qu'il déconseille, car pour lui, le plus important est de suivre son désir : il n'existe donc pas de prescriptions valables pour tous.
Chez les Grecs, l'indépendance, ou otarkeia, est atteinte par la suffisance à soi même (master of the obvious inside), car l'homme est par nature soumis au regard des autres, comme le prouvent les expériences de Milgram, où un homme peut être facilement amené à envoyer une décharge électrique mortelle à un autre. Ce côté grégaire de l'homme est renforcé par notre société.
Pour Epicure, il faut donc être capable de raisonner ses désirs, car ce qui est naturel est fzcile à se procurer, et donc en étant capable de vivre de peu on est jamais en manque.

Il faut aussi être prudent, la prudence au sens grec, ou fronesis, peut être traduite par le terme de sagacité, c'est à dire la capacité, en chaque situation concrète, de faire le bon choix. L'éthique épicurienne est donc une éthique d'engagement concret, au contraire de principes moraux généraux. L'homme prudent sait toujours trouver la bonne attitude, la réaction juste à une situation donnée : elle est proche de l'éthique et non de la morale. Le modèle de l'homme prudent est donc l'homme politique. La prudence est donc à l'origine de toute les vertus, c'est à dire de l'accomplissement de soi-même. Pour être heureux, il faut être honnête, respecter la loi, non pas par crainte, mais pour son bonheur personnel. De ce fait, même en l'absence de dieux, il faut rester intègre et ne pas faire n'importe quoi. Epicure maintient donc les impératifs moraux, mais il ne les lie plus aux dieux, il les place simplement en impératifs de la vie heureuse.

Chez les stoïciens, la vertu produit la vie heureuse, alors que chez Epicure, c'est le contraire : la vie heureuse produit la vertu. Ce qui signifie aussi que plus on est heureux, plus on est vertueux. De là, seuls les hommes malheureux font le mal.
Pour lui, le plaisir est le principe et la fin, c'est à dire que ce qui est naturellement bon est indiqué par le désir et ce qui est mauvais est indiqué par la douleur, bien qu'il faille raisonner ses désirs, comme expliqué précédemment. De plus, pour lui, la vie étant liée au corps, un régime proche de l'ascétisme est le meilleur régime de vie, car il procure la santé, tout en étant peu coûteux, et donc facile à suivre, et de ce fait, ne demandant que peu de travail, il libère du temps pour la philosophie ou d'autres activités qui nous plaise. Cependant, Epicure n'interdit jamais brutalement, il conseille une modification lente de soi pour tendre vers la plus grande simplicité possible. De plus, celui qui mène une vie simple peut sans souci jouir des plaisirs plus raffinés quand ceux-ci s'offrent à lui, et il ne craint pas non plus l'avenir et le hasard, car se contentant de peu il peut faire face à toutes les situations. Une vie, au contraire, simplement faite d'une succession de jouissance raffinées n'est pas vraiment heureuse, elle est même preuve d'un manque.

Le sage doit de plus se moquer du destin, car ce qui se produit arrive nécessairement. Le destin, dans le sens de tout ce qui arrive sans qu'on l'ait voulu, existe sous deux formes :
sa forme religieuse, où tout est dirigé par des forces supérieures, et où tout est écrit à l'avance par des êtres dont la conscience nous dépasse
sa forme physique, où la nature étant ordonnée par des lois nécessaire, si on connait à un moment l'ensemble des causes qui sont présentes dans l'univers, on peut connaître l'ensemble de leurs effets à l'instant suivant, et ainsi de suite. Cette forme de destin de physicien est symbolisée par le démon de Laplace, mathématicien du 19° siècle, siècle scientiste dominé par la théorie Newtonienne, qui voit la science sur le chemin de la vérité dans son cadre théorique, et n'ayant plus qu'à explorer les détails. Cependant, le démon de Laplace n'est pas une vérité, car les lois ne sont pas réversibles, et donc l'avenir n'est jamais prévisible.

Le Clinamen est l'indétermination originelle de la déviation des atomes chutant dans le vide.

Spinoza illustre cette question du destin par un exemple, la rencontre inopinée entre un homme et une tuile qui lui choit sur la tête. On peut fournir deux explications à cette rencontre :
Rationaliste, l'attribuant à une suite de cause imprévisibles, que personne n'a voulu
Finaliste, l'attribuant à une volonté supérieure (traditionnellement, Dieu)

Il ne faut donc pas se résignée à l'avenir, mais au contraire le produire soi-même. Ainsi, la nécessité n'est pas l'opposé de la liberté, puisque même si je suis moi même l'effet de causes, je deviens à mon tour une cause qui peut agir selon son désir. Tout ne peut pas dépendre de moi, mais tout ne peut non plus dépendre du hasard ou de la nécessité, et c'est donc une combinaison des trois qui donne forme à l'avenir. Il faut donc toujours faire du mieux possible, mais garder à l'esprit, comme chez les stoïciens, que je ne peux agir que sur une part des choses, et qu'il est impossible de vivre heureux si l'on ne s'adapte pas au reste.

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